Tour de France, champion du monde et d'Europe, Monuments... Tadej Pogacar a-t-il signé la meilleure saison de l'histoire du cyclisme?

Il n’a laissé que des miettes. Depuis le mois de février, marquant le début de sa saison 2025, Tadej Pogacar a transformé chaque départ en exécution méthodique. L’année s’était ouverte par une victoire sur l’UAE Tour, avant qu’un raid solitaire de 81 km sur les Strade Bianche ne vienne donner le ton de ce que serait sa saison. C'est à dire une domination sans partage, un appétit insatiable, un panache insolent.
Malgré une chute dans les chemins blancs de Toscane, le Slovène s’impose avec l’autorité d’un champion du monde qui refuse le hasard. Derrière, les classiques du printemps n’ont été qu’une longue démonstration. troisième de Milan-San Remo, vainqueur du Tour des Flandres en solitaire, deuxième de Paris-Roubaix pour sa première participation malgré une glissade dans les pavés de l’Enfer du Nord. Rien, ni la malchance ni la difficulté, ne semble pouvoir l’arrêter.
Il concède une rare défaite sur l’Amstel Gold Race, battu au sprint par Mattias Skjelmose, avant de se venger avec panache sur la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège, remportées avec une facilité déconcertante. "L’ovni Pogacar" plane à des altitudes que le reste du peloton ne peut même plus respirer.
Dauphiné, Tour de France: la machine implacable
Après un mois et demi d’entraînement en altitude, Pogacar revient sur le Critérium du Dauphiné comme un seigneur redescendu de sa montagne. D’entrée, il s’empare du maillot jaune en gagnant la première étape. Il récidive, empoche le classement général et celui par points, laissant un Jonas Vingegaard impuissant dans son sillage.
Le Tour de France, son grand objectif, s’annonce alors comme une formalité. Le Slovène arrive en juin le regard brûlant d’ambition, celui d'égaler Christopher Froome et ses quatre victoires sur la Grande Boucle. Quatre victoires d’étapes plus tard, le maillot jaune sur les épaules et le maillot à pois en prime, Pogacar signe son quatrième sacre.
Mais derrière le sourire, la fatigue se lit. Éreinté physiquement, vidé mentalement, il confie avoir besoin de prendre du repos. Même les ogres ont parfois besoin de souffler.
De Kigali à la Drôme, la renaissance du champion
Deux mois de repos plus tard, Pogacar réapparaît au Canada, modeste 29e à Québec, avant d’offrir la victoire à son coéquipier Brandon McNulty à Montréal, en grand seigneur. Un geste de leader, avant un retour à la sauvagerie des sommets.
Aux Championnats du monde de Kigali, il débute timidement en étant battu sur le contre-la-montre par un Remco Evenepoel survolté. Mais sur la course en ligne, le Slovène répond comme toujours en attaquant. À 104 km de l’arrivée, il accélère puis quelques kilomètres plus tard il s’envole seul, sur un parcours jugé comme le plus difficile de l’histoire. Personne ne reverra le maillot arc-en-ciel avant l’arrivée. Deuxième titre mondial pour Pogacar, obtenu dans un mélange d’audace et de cruauté sportive.
Et comme si cela ne suffisait pas, une semaine plus tard, il s’aligne sur les Championnats d’Europe à Drôme-Ardèche. Même scénario, même domination et 75 km d’échappée solitaire pour devenir champion d’Europe, rejoignant ainsi Peter Sagan (2016) dans le club rarissime des coureurs titrés mondial et continental la même année.
Lombardie, la consécration éternelle

Pour conclure, Pogacar retourne sur ses terres italiennes, là où tout a souvent commencé et fini pour lui. Les Trois Vallées Varesine, puis le Tour de Lombardie, sa chasse gardée. Déjà quadruple vainqueur, il attaque à 36,5 km de l’arrivée, seul contre tous, et personne ne peut suivre sans exploser. Il remporte son cinquième Tour de Lombardie consécutif, égalant Fausto Coppi, "Il Campionissimo", mais avec un accomplissement inédit, cinq victoires d’affilée sur le même Monument.
Cerise sur le gâteau : Pogacar devient le premier coureur de l’histoire à monter sur le podium des cinq Monuments au cours d’une même saison. En tout, 20 victoires en 50 jours de course. Un ratio qui défie la logique, et peut-être même la raison.
La meilleure saison de l’histoire?
La question mérite d’être posée, tant la réponse semble évidente. Aucun coureur, ni Merckx, ni Hinault, ni Coppi, n’a cumulé en une seule année Tour de France, Mondial, championnat d'Europe et cinq podiums de Monuments dont trois victoires. Pogacar a non seulement gagné, mais il a régné, sur tous les terrains, toutes les saisons, toutes les météos.
En 2025, le Slovène n’a pas seulement dominé le cyclisme, il en a redéfini les frontières.
Et si l’histoire du vélo devait se résumer à une seule année, ce serait sans doute celle de Tadej Pogacar, l’ogre insatiable.
Le bilan des 20 victoires de Pogacar en 2025
19/02 : 3e étape de l'UAE Tour (au sprint devant Oscar Onley)
23/02 : 7e étape de l'UAE Tour (avec 33" sur Giulio Ciccone)
23/02 : classement général de l'UAE Tour (avec 1'14" sur Giulio Ciccone)
08/03 : Strade Bianche (avec 1'24" sur Thomas Pidcock)
06/04 : Tour des Flandres (avec 1'01" sur Mads Pedersen)
23/04 : La Flèche Wallonne (avec 10" sur Kévin Vauquelin)
27/04 : Liège-Bastogne-Liège (avec 1'03" sur Giulio Ciccone)
08/06 : 1e étape du Critérium du Dauphiné (au sprint devant Jonas Vingegaard)
13/06 : 6e étape du Dauphiné (avec 1'01" sur Jonas Vingegaard)
14/06 : 7e étape du Dauphiné (avec 14" sur Jonas Vingegaard)
15/06 : classement général du Dauphiné (avec 59" sur Jonas Vingegaard)
08/07 : 4e étape du Tour de France (au sprint devant Mathieu Van der Poel)
11/07 : 7e étape du Tour (au sprint devant Jonas Vingegaard)
17/07 : 12e étape du Tour (avec 2'10" sur Jonas Vingegaard)
18/07 : 13e étape du Tour (avec 36" sur Jonas Vingegaard)
27/07 : classement général du Tour (avec 4'24" sur Jonas Vingegaard)
28/09 : course en ligne des Mondiaux (avec 1"28" sur Remco Evenepoel)
05/10 : course en ligne des championnats d'Europe (avec 31" sur Remco Evenepoel)
07/10 : Les Trois Vallées Varésines (avec 46" sur Albert Withen Philipsen)
11/10 : Tour de Lombardie (avec 1'48" sur Remco Evenepoel)