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Affaire des corticoïdes – Lorenzetti : "On se demande comment on peut être sali comme ça"

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EXCLU RMC SPORT -  Jacky Lorenzetti, le président du Racing 92, se confie après le blanchiment de ses joueurs par la Fédération française de rugby dans l’affaire des corticoïdes. Et le dirigeant francilien s’interroge sur les motivations qui ont conduit à ces révélations.

Dans quel état d’esprit êtes-vous après le blanchiment de vos joueurs par la FFR dans l’affaire des corticoïdes ?

Depuis dix jours, le club, les joueurs, les spectateurs de Colombes et moi-même, on a souffert de ces pseudos-révélations. On a reçu ce matin trois lettres de la Fédération française de rugby qui blanchissent sans équivoque nos joueurs, sous réserve de l’appel de l’AFLD, qui doit être formulé dans les dix jours de la réception du courrier. Evidemment, c’est le bonheur. Avec un peu de retenue parce qu’on a beaucoup souffert de cette affaire. Il va nous falloir un petit peu de temps pour libérer notre joie.

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Que vous inspire toute cette affaire ?

Elle pose un certain nombre de questions. La première, c’est est-ce que le Racing a fauté ou cherché à tricher ? La réponse est clairement non. Le Racing n’a pas triché. Par la décision de la FFR, on n’en a aujourd’hui la preuve. La deuxième question, c’est comment ? Quand on voit certains tabloïds comme L’Equipe citer des noms de joueurs avant que nous-mêmes ne soyons au courant, ça pose quand même des problèmes. D’autres chaînes nous ont questionnés, on leur a donné les réponses, ils ont fait leur boulot d’investigation et ils se sont dit : "On n’y va pas, ça sent trop mauvais et ça ferait trop de mal aux hommes qui sont accusés". La troisième question, c’est cette histoire de fuite. J’en ai été informé il y a un mois par Canal. Le lanceur d’alerte a ensuite contacté Eurosport, qui a également refusé, et il a finalement eu une bonne oreille de L’Equipe. Est-ce que c’est normal qu’en France, il n’y ait plus du tout de secret d’instruction ? Que les médias soient informés et informent les spectateurs avant que les pseudo-accusés puissent de défendre ? La quatrième question, qui est complétement différente et qu’on peut aborder sans faire d’amalgame, c’est la médicalisation du sport. Mais pas seulement du rugby, de tous les sports. Et dans le monde entier. Je suis très intéressé par ce débat. Mais ça n’a rien à voir avec le traitement qui nous a été fait et l’extrême rigueur avec laquelle on a respecté les lois en cours. 

Quelle a été votre réaction quand vous avez appris ces révélations ?

La première réaction, ça a été la fin du monde, le tonnerre, le séisme. Ça coupe le souffle. On se demande comment on peut être sali comme ça. On se demande pourquoi et à qui profite le crime. Mais on se remet tout de suite à flots et on lutte. J’étais en Bretagne. J’ai pris le premier avion pour rentrer. On a fait une réunion avec les coaches et quatre heures après la sortie de l’information, j’ai acquis la certitude que personne n’avait triché au club. On a alors demandé aux joueurs de ne pas parler de quoi que ce soit, en respectant le secret de l’instruction. 

Comptez-vous engager des poursuites ?

On n’a pas voulu mettre la charrue avant les bœufs. Nous, nous avons voulu respecter les principes et la morale. Nous avons laissé la Fédération délibérer tranquillement. Et nous avons rendez-vous dès demain avec nos avocats pour voir quelles actions nous pourrions engager contre certains. 

Laurent Depret