Argentine: pourquoi des départs vers l'Europe sont à prévoir

Miguel Fernandez connaît parfaitement le marché des mutations et les lignes de forces du marché du travail des rugbymen professionnels. Le lock-out du Super Rugby, jusqu’à probablement début 2022, a changé la donne sur le marché du travail, spécialement pour les joueurs et entraîneurs argentins. Le retour parisien de Gonzalo Quesada en est le plus brillant exemple. Explications de l’agent sportif.

Miguel Fernandez, que se passe-t-il avec les Jaguares, la province argentine engagée dans le Super Rugby avec les provinces australiennes, néo-zélandaises, sud-africaines et la province japonaise?

Aujourd’hui, la compétition à laquelle participe les Jaguares a de fortes probabilités d’être annulée en raison de la situation sanitaire que nous connaissons. Par conséquent, comme ce sont des garçons qui sont sous contrat relativement élevé au regard de la situation sociale en Argentine, on leur a laissé comprendre que, s’ils avaient une opportunité en Europe ou ailleurs, ils pouvaient se pencher dessus. Et qu’a priori, la fédération argentine détentrice des contrats accepterait certains départs.

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Derrière ce discours, c’est une volonté de réaliser des économies? Plus une incitation en off qu’une communication officielle?

Bien sûr, c’est exactement ça. La crise sanitaire qui touche tout le monde et le rugby français n’épargne pas le rugby argentin en sachant que leur rugby aujourd’hui n’est construit qu’autour d’une seule équipe qui sont les Jaguares. C'est un réservoir pour la sélection évoluant en Super Rugby. Donc leur économie est binaire. Elle tourne autour du Super Rugby, dont il a été annoncé qu’il allait être amputé d’une grande partie de ses participants pour la simple et bonne raison qu’il y aura encore des difficultés pour voyager et que ça devient compliqué économiquement pour certaines nations.

Lors des 25 dernières années, les Argentins évoluant en France, c’était la norme jusqu’à ce changement avec la création des Jaguares. Leur retour au bercail en quelque sorte, en France avec la réglementation des JIFF ne va pas être des plus simples…

Oui, deux écueils majeurs: la réglementation JIFF et la situation économique qui n’est pas mirobolante. Il y a un troisième écueil. Pas mal de clubs européens aujourd’hui sont assez "froids" sur la signature d’un joueur argentin, dans la mesure où c’est un bon joueur et qu’il est en mesure d’être appelé en sélection nationale et éligible au Rugby Championship, le Four Nations qui occupe l’espace tout l’été et le début de l’automne. Par voie de conséquence, il ampute entre quatre et huit journées de championnat de France dans une saison comme on les a connues les dernières années… Ce sont trois points pas simples à gérer pour un joueur argentin qui souhaite venir en Europe.

Le retour en France de Gonzalo Quesada procède de ce mouvement. D’autres peuvent suivre?

Je ne peux pas vous répondre aujourd’hui. Il y a beaucoup de travail à faire autour de la sélection nationale. Comme ce sont des staffs très réduits, je ne le pense pas.

Laurent Depret