Bénézech, des mots de trop pour le Top 14

Invité à défendre ses propos sur le dopage dans le rugby, Laurent Bénézech n’a pas convaincu son auditoire, fait de joueurs du Top 14, ce mercredi à Toulouse. Provoquant leur colère et celle de Provale, qui va porter plainte contre l’ancien international.

Il avait mis le feu aux poudres une première fois, lors d’une interview accordée au Monde, en écho aux déclarations de Françoise Lasne, directrice du département des analyses de l’AFLD, sur le nombre de cas positifs dans le rugby. « Le rugby est dans la situation du cyclisme avant l'affaire Festina » avait alors lâché Laurent Bénézech. L’ancien international (15 sélections) avait ravivé la flamme dernièrement dans le Midi Olympique, toujours avec son argumentaire axé autour de l’aide médicalisée à la performance et de la prise d’hormones de croissance chez les joueurs. Invité par le syndicat Provale à s’expliquer et à éteindre les braises encore chaudes de ces déclarations, ce mercredi à Toulouse, Bénézech a répondu à l’appel.

L’intéressé a fait face à un mini-panel du Top 14, soit une soixantaine de joueurs dont certains internationaux (Nyanga, Dusautoir, Kayser, Rabadan, Fillol…) et tous issus des clubs de l’élite. Il a parlé, sous la forme d’un débat, durant une heure et demie. Sans convaincre. Car ce sont des joueurs déçus, frustrés, qui sont ressortis de cet entretien. « On espérait au moins avoir des preuves et des explications compte tenu de la gravité des choses qui ont été avancées, déplore le troisième ligne du Stade Français, Pierre Rabadan. On est très déçus par rapport à ça. Je n’ai pas l’impression qu’il parle du monde dans lequel j’évolue. Je ne comprends pas l’intérêt de faire ça, suite à une déclaration de l’AFLD qui était infondée elle aussi. Je trouve son discours un peu gratuit. »

« On est resté sur notre faim, poursuit le deuxième ligne de l’USAP Robins Tchale Watchou. Il nous a fait part d’une réflexion, d’une alerte, pour un dopage qui pourrait être futur. Ce que je peux vous dire aujourd’hui avec certitude, c’est qu’il n’a aucun élément, aucune preuve pour soutenir ses propos. » S’il avoue qu’il ne s’attendait pas « à un grand moment de plaisir », s’il « regrette » également « d’avoir associé » à « sa démonstration » le Bayonnais François Carrillo (victime d’un malaise cardiaque avant un match de championnat), Laurent Bénézech déplore l’absence de dialogue et d’échange avec les joueurs.

Simon : « Décevant et pathétique »

« Je n’attendais pas de miracle de cette rencontre. Je les avais froissés. Je leur devais de venir m’expliquer. Mon propos, qui a peut-être été mal interprété, est de m’inquiéter de cette course démesurée à la performance, qui ne tient pas compte, à un moment donné de la santé des joueurs. On a été deux murs avec chacun sa logique. Il n'y a jamais eu de point de rencontre. » Finalement, il y a eu aussi beaucoup de colère dans les rangs de Provale, qui va porter plainte pour diffamation contre Laurent Bénézech.

« On est quand même rassuré parce qu’il a fini par inquiéter beaucoup de gens, explique le président du syndicat, Serge Simon. S’il avait des preuves, ce serait quand même inquiétant. Les propos sont graves. Mais il n’a rien du tout. C’est un peu décevant et pathétique. Ses motivations sont sûrement de l’ordre du buzz ou de la pub. C’est moche. C’est ce que les joueurs lui ont dit. Il salit une famille pour des raisons un peu personnelles. C’est un peu triste. Tenir des propos du genre ‘‘je ne sais rien mais j’en suis sûr’’… On va aller au bout de notre démarche et l’amener en diffamation. »

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A.D avec W.T à Toulouse