Blanco : « Boudjellal n’a rien révolutionné »

Le président de Biarritz respecte le travail réalisé par Mourad Boudjellal à Toulon mais estime que ce dernier a encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire du RCT un grand du Top 14 - -
Serge Blanco, comment appréhendez-vous ce déplacement à Toulon ?
Comme une rencontre très dure face à un concurrent direct qui est mieux placé que nous. Le RCT dispose d’autres armes que les nôtres pour accéder au Top 6. Mais je crois que les joueurs, l’encadrement et les dirigeants ont une grande motivation avant cet événement.
La réussite sportive de Mourad Boudjellal au sein du RCT cette saison vous surprend-telle ?
Il n’y a pas de réussite sportive. Elle n’existe que lorsqu’on lève des boucliers de Brennus ou que l’on remporte des titres. Nous avons dans ce championnat quelqu’un qui a une façon de gérer différente de ce que l’on a connu auparavant. Cette politique demande du respect, une vision et des moyens bien distincts.
Un fossé s’est crée entre son club et le vôtre aujourd’hui, non ?
D’un côté, il y a un club qui a eu quelques résultats ces dix dernières années. Et de l’autre une formation en pleine reconstruction. Mourad Boudjellal a donné le ton en annonçant vouloir être champion de France. Biarritz a aussi des chances de bien figurer les prochaines années. Cela fait deux ans, il est vrai, que l’on est à la traîne. Si on fait un certain constat cette saison, il ne sera pas très reluisant. Toutefois, à notre décharge, nous avons eu plusieurs blessés importants. Il faut savoir profiter de l’instant présent et je félicite donc le RCT, qui, en l’espace de deux saisons, a retrouvé le chemin des grands. Mais avant d’être très grand, il y aura de l’eau qui aura coulé sous les ponts.
Boudjellal affirmait récemment en interview avoir inventé un nouveau profil de président…
Il n’y a aucun style de président. Hormis ceux qui gagnent et ceux qui perdent. On n’est jugé que par les résultats. A Toulon, à Biarritz ou à Toulouse… Il n’y a pas de nouvelle race de président. S’il gagne un titre, alors il aura raison. Si ce n’est pas le cas, la vie rugbystique suivra son cours.
Mais au fond, en tant qu’ancien président de la Ligue et actuel président du BO, cela ne vous agace-t-il pas de le voir mettre autant d’argent, acheter des stars et assumer toutes ses prises de risque ?
Si c’est pour faire venir des grands noms qui permettent à notre championnat de s’élever sportivement, c’est intéressant. Le Top 14 monterait alors de niveau et se rapprocherait du championnat d’Angleterre voire du Super 14. On est à la croisée des chemins. Le Top 14 a évolué depuis une dizaine d’années et l’a toujours fait en montant. Aujourd’hui, il y a d’autres artifices. D’autres personnes qui viennent. Il ne faut surtout pas croire que ces gens-là sont en train de révolutionner quoi que ce soit. C’est dans la continuité de ce qui se fait et de ce qui s’est fait depuis des années. Outre Toulon et le Racing-Métro, plusieurs clubs ont amené leur pierre à l’édifice.
Par le passé, vous vous êtes opposés plusieurs fois à Mourad Boudjellal. Quels sont vos rapports désormais ?
Tout à fait normaux et cordiaux. Quand il a besoin de quelque chose, il me le dit par voie de presse. Et quand, moi, j’ai besoin de quelque chose, je lui téléphone.