Blanco : « Le rugby français est à la ramasse »

Serge Blanco - -
Serge Blanco, vous avez été président de la Ligue Nationale de Rugby de 1998 à 2008. Pourriez-vous revenir ?
Non, j’ai tiré un trait dessus. Je fais partie du comité directeur de la Fédération. Je peux toujours amener certaines idées, mais je les partage à un niveau différent. Je me suis battu pour que la Ligue trouve sa place mais jamais contre la Fédération. Aujourd’hui, je ne me bats plus que pour le rugby. Si le rugby amateur se porte bien, il servira le secteur professionnel et l’équipe de France. Et inversement. Il faut organiser ce turn-over. Aujourd’hui, le rugby professionnel n’a plus besoin de Serge Blanco. Je suis très heureux de m’occuper de Biarritz. Mais si on m’appelle, je veux bien discuter.
Quels sujets vous tiennent à cœur ?
La voix de la France doit porter au niveau des compétitions européennes et au niveau de l’IRB (International Rugby Board). Sur les calendriers internationaux, nous n’avons pas la même vision, ni les mêmes ressources à défendre. Dans le Sud, ils sont prêts à vendre père et mère pour avoir un petit peu d’argent. Cet argent que nous avons dans le Nord ne doit pas passer dans l’organisation de certains matches internationaux qui sont à mon sens superflus. A force de manger de la margarine, on en a marre ! Ça donne des indigestions.
« Le Sud est prêt à vendre père et mère pour de l’argent »
Qu’est-ce qui vous déplaît ?
Quand je vois le Tri Nations avec neuf matches, je me dis que ce n’est pas une compétition ! On aurait pu créer un tournoi des V Nations en intégrant l’Argentine et le Japon qui est économiquement un fer de lance qui peut rapporter très gros au rugby mondial. On peut aussi créer une compétition mondiale au niveau des clubs.
Selon vous, la voix de la France n’est donc pas assez entendue…
Aujourd’hui, on est à la ramasse car nous n’avons personne dans les grandes instances à part Bernard Lapasset, qui depuis peu est le président de l’IRB (depuis 2008, ndlr). On n’est pas présent. Nos idées ne passent pas. Il faut les faire passer. Je préfère m’occuper de ça.
Le costume de président de Biarritz n’est-il pas trop étroit pour faire passer ces messages…
Avec mon ami Pierre Camou (président de la FFR), nous avons une vision commune pour l’avenir du rugby français. Ça me satisfait. Je suis dévoué à mon président. Le tout est de savoir comment nous allons harmoniser tout ça. Il faut dépoussiérer certains endroits où il y a encore des toiles d’araignées. La question est : Que peut-on apporter au rugby français en menant une politique internationale ? C’est ce qu’il faut défendre aujourd’hui.