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Boudjellal, comme un air de Tapie

Mourad Boudjellal

Mourad Boudjellal - -

Truculent président du RCT, Mourad Boudjellal détonne dans le monde du rugby. Ancien homme d’affaires, le charismatique dirigeant varois est aussi très au fait de la vie politique. Ce qui, dans le Sud de la France, rappelle forcément quelqu’un…

Une « gueule », du charisme, de la gouaille, de l’argent et un club professionnel dans ses actifs. Le tout au bord de la Méditerranée. Forcément, la comparaison est facile. Mais pas totalement incongrue. Entre Mourad Boudjellal et Bernard Tapie, les ressemblances sont nombreuses. Côté sportif d’abord, puisque le président du Rugby Club Toulonnais et l’ancien boss de l’Olympique de Marseille ont réussi à hisser leur formation sur le toit de l’Europe (1993 pour l’OM, 2013 pour Toulon). Mais aussi dans leur vie professionnelle, puisqu’ils ont tous deux été à la tête de grandes entreprises (Boudjellal a cédé sa société Soleil Editions en 2011 pour se consacrer entièrement à son club).

Mais malgré ces points communs évidents, Boudjellal refuse qu’on le compare à l’ancien président marseillais. « Je suis loin d’avoir le talent de Tapie qui, dans ses affaires privées et malgré toutes les critiques, a fait preuve d’une réussite exceptionnelle, déclare-t-il. Il a aussi une répartie et une présence exceptionnelle dans les débats que je n’ai pas. Je trouve que c’est presque insultant pour Bernard Tapie. » Pourtant, comme « Nanard », Boudjellal n’est pas le moins bon devant les micros et n’est jamais loin lorsqu’une polémique naît. Dans le milieu du sport comme ailleurs. « Je donne mon avis parce qu’on me le demande. Si on ne me le demandait pas, je fermerais ma gueule », se justifie l’homme de 53 ans.

Il ne s'immisce pas dans les choix sportifs

Très superstitieux, un peu « fada » lorsqu’il regarde (debout) les matchs de son équipe, Boudjellal se fixe en revanche une limite quand il s’agit du secteur sportif. Au contraire d’un Tapie qui était interventionniste, voire décisionnaire avec ses coachs, l’ancien libraire ne s’immisce pas dans les compositions d’équipe et se contente de lancer le « pilou-pilou » dans les vestiaires après chaque succès. Ce qui plaît forcément beaucoup à Bernard Laporte, qui partage avec son président le goût des bons repas agrémentés de grands vins et une certaine faculté à ne pas se faire que des amis. « Ce qui fait son charme, c’est qu’il est très intelligent et qu’il dit les choses comme il les ressent, comme il les pense. Dans un milieu conservateur où il ne faut pas dire les choses, c’est sûr qu’il détonne », s’amuse l’ancien sélectionneur du XV de France.

Pas de politique, à une exception près

Enfant de Toulon, l’exubérant Boudjellal ne passe pas inaperçu que dans le milieu de l’ovalie. En ville, les grand-mères comme les plus jeunes l’arrêtent pour lui parler rugby et lui demander un autographe. Lorsqu’il effectue son footing (trois ou quatre fois par semaine), il évite ainsi les artères principales pour être plus tranquille. « C’est un bonheur mais une pression aussi. A Toulon les gens attendent beaucoup, souffle-t-il. On a vite fait de t’idolâtrer et de t’envoyer sur le bûcher. » Maire du chef-lieu du Var, Hubert Falco n’est pas mécontent non plus de compter dans ses administrés une personnalité comme celle-ci. « Il a eu le mérite de bien négocier le tournant du professionnalisme. Il a géré le club comme on gère une grande entreprise et il a placé le club là où il est », savoure le sénateur UMP.

La politique, d’ailleurs, n’est jamais très loin de l’esprit Boudjellal. Mais il assure que malgré ses qualités d’orateur, ses convictions et son réseau, il ne se présentera jamais à une élection. A une exception près : « Si le Front National risque de prendre le pouvoir ». Car voilà un autre cheval de bataille de celui qui possède des origines algériennes et arméniennes et qui a souffert de la prise du pouvoir du FN dans sa ville entre 1995 et 2001. « Par rapport au Front National, j’étais très impliqué bien avant le rugby. Mais faire de la politique, c’est être un citoyen et je pense que je suis un meilleur citoyen et que je fais une meilleure politique en créant des emplois et de la richesse comme je l’ai fait, que comme beaucoup d’hommes politiques qui n’ont créé des emplois et de la richesse que pour eux. » S’il change d’avis, ses opposants peuvent en tout cas s’attendre à des débats enflammés.

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AA avec F.Ge