RMC Sport

Boudjellal : « Je ne suis pas fier du rugby français »

Mourad Boudjellal

Mourad Boudjellal - -

Battu en finale du Top 14 ce samedi par Toulouse (18-12), le président toulonnais a rivalisé de reproches après le match concernant les instances du rugby français. Une nouvelle et énième sortie en forme d’attaque salée.

Mourad, comment analysez-vous cette défaite en finale ?

Je pense que la finale s’est jouée vendredi (quand la suspension de Carl Hayman n’a pas été levée, ndlr). Toulouse aurait peut-être gagné le match quand même, mais on n’a pas joué avec toutes nos forces. Il s’est passé un truc incroyable vendredi. Dans le droit français, ce n’est pas possible. On a demandé à l’accusation d’apporter un supplément de preuves. Or, c’est la défense qui doit l’emporter si l’accusation n’a pas de preuves. C’est le rugby français. Il profite du fait qu’il n’y ait pas une véritable presse d’investigation, qui fouille. Tout le monde s’occupe plus du résultat sportif en se disant qu’on est dans un pays où tout est beau, où la vie est rose.

Pensez-vous que ça a été le tournant du match ?

Je n’ai pas la prétention de dire qu’on aurait battu Toulouse. Je pense qu’on les aurait un peu plus emmerdés. Pour moi, c’est sûr. Ça se joue à rien. Mais je suis fier de mes joueurs. Je ne suis pas un président du RCT qui a envie de râler contre ses joueurs. Je ne suis pas fier du rugby français. Ce qu’ils ont fait, ce n’est pas beau. Ils en profitent parce que personne ne réagit. Ils peuvent continuer, tout le monde s’en fout.

Pouvez-vous être plus précis concernant le manque d’investigation ?

Attendez, dans le rugby, il y a des gens qui sont vieux à mourir. Il faut qu’ils s’en aillent. Le monde a changé. Il y a des gens pour lesquels le minitel, c’est un truc moderne. Le rugby, ce n’est pas un enfant qu’on garde à la maison jusqu’à 60 ans. Il faut qu’ils le comprennent. Des gens ont beaucoup apporté au rugby, merci, bravo, au suivant. C’est la loi de la vie. Il y a des gens qui sont trop vieux pour comprendre le monde moderne. Ils veulent mourir sur scène.

Qui visez-vous ?

Je ne fais pas de délation. Je vous confirme qu’on mange très bien au dîner des présidents. On s’est régalé. Je crois que je n’ai jamais aussi bien mangé de ma vie. Et pourtant, j’ai dépensé beaucoup d’argent dans les restos. Le rugby, c’est ‘‘La Vérité si je mens’’. C’est José Garcia, dans le numéro 1. Tu les insultes, tu leur dis plein de vérités, ils te font la bise. Ils te disent ‘‘t’es mon ami, t’es mon ami’’. Tout va bien par devant. Par derrière, tout peut se passer. Je sais très bien que cette semaine, il s’est passé des choses. C’est évident. J’ai des oreilles en interne. Il n’y a pas que des gens qui me détestent. Ceux qui jugent mon attitude, qu’ils fassent ce que j’ai fait, qu’ils foutent une grosse partie de leur fortune dans un club de rugby. Après, ils ouvriront leur gueules. Il y a présidents et présidents. Si demain, ça devait leur coûter des ronds, le rugby ne serait plus leur ami. Moi, ce que j’ai mis, ça m’a appauvri.