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"Celui qui a contré a gagné à l’Euromillions", l’erreur de Carbonneau et la folle fin de match castraise

Le joueur de Castres Theo Chabouni fête la victoire du CO, 4 octobre 2025

Le joueur de Castres Theo Chabouni fête la victoire du CO, 4 octobre 2025 - VALENTINE CHAPUIS / AFP

Mené de dix points à quelques minutes de la fin par le Racing 92, le Castres Olympique a été chercher un succès quasi inespéré après une dernière action interminable. Mais tout est parti d’une erreur de Léo Carbonneau qui a changé la face du match.

"On n’a rien lâché, mais il ne faut pas se le cacher, on a eu un peu de chance." Pour ses premières minutes sous le maillot castrais, l’ouvreur Enzo Hervé, joker médical de Louis Le Brun en provenance de Toulon, a vécu une fin de match incroyable. On joue la 73e minute. Le Castres Olympique fait le siège du camp francilien mais n’y arrive pas. Avec une avance de dix points (16-6), après un coup de pied trop long de Christian Ambadiang, le Racing bénéficie d’un renvoi d’en-but. On se dit alors qu’après tous ces en-avants, après toutes ces fautes, les Castrais vont s’incliner une deuxième fois à domicile en trois matchs.

Puis vient ce coup de pied de Léo Carbonneau. Le demi de mêlée, ouvreur pour l’occasion, doit dégager son équipe et gérer la poignée de minute. En face de lui, le talonneur remplaçant Pierre Colonna ne l’a pas lâché d’une semelle. Et le contre. « Dès que je peux le faire, je le tente. Mais c’est la première fois de ma vie que ça marche » avoue Colonna. "Je l’ai suivi et ça a marché." Il marque au nez et à la barbe de l’ancien briviste qui relance à ce moment-là bien malgré lui les Tarnais (13-16). De quoi tendre le manager francilien Patrice Collazo, colère froide et rentrée en conférence de presse.

Tout s’est inversé

"Ce sont des matchs où il faut être pragmatique. Il ne faut pas vouloir aller plus vite que la musique. Si vous le faites, vous vous exposez. Là, il n’y avait pas à s’exposer. On contenait la pression des Castrais." Mais à l’issue de ce fait de match, tout s’est inversé. Deux pénaltouches encore gâchées par les locaux, il leur restait encore toutefois de l’énergie pour s’offrir une dernière action de folie: quatre minutes (!) jusqu’à la 82e et l’essai d’Abraham Papali’i après une multitude de temps de jeu où les avants castrais ont enfin pris le dessus sur leurs homologues.

L’erreur de Carbonneau a donc tout changé. Si son coéquipier Antoine Gibert ne voulait pas l’accabler, "des erreurs techniques… quand il y a ce fait de match on est toujours devant. Ça met le feu comme les derniers plaquages manqués. Ça arrive, on passe à autre chose", son manager voulait retenir des leçons. Un message pour ses joueurs. "Il y a des choses qui faut qu’on comprenne vite. Et notamment qu’on se prépare tous de la même façon. Du un au vingt-huit, puisqu’on se déplace à vingt-huit."  Collazo qui se remémorait aussi la vision qu’il avait eu à la pause. "C’est marrant car à la mi-temps je leur ai dit que l’équipe qui allait gagner le ferait de trois ou de quatre points. Et celle qui perdrait ferait des conneries. La connerie est tombée sur nous. Et celui qui a contré a gagné à l’Euromillions."

"Carbonneau, il fera une grande carrière"

Toutefois, comme l’an passé, où les Castrais avaient gagné contre cette même équipe du Racing sur la sirène après avoir encaissé un essai à la 77e, le CO a de nouveau fait preuve de résilience. De quoi, pour le manager Xavier Sadourny, minimiser la portée de l’erreur originelle du Racing: "Ce n’est pas la fève de Carbonneau. Tu leur mets la pression sur les 25 dernières minutes, qu’on passe dans leurs 22. On nous refuse un essai, on revient et le caractère des hommes a fait qu’ils ont craqué. Alors Carbonneau, malheur à lui,il aura une grande carrière et il fait cette erreur-là. Mais ils sont sous pression quand même." Pas faux, mais pas sûr que ça console le malheureux Léo…

Wilfried Templier