RMC Sport

Comment Cardona répond à Laporte

Laurent Cardona

Laurent Cardona - -

EXCLU RMC SPORT. Critiqué par Bernard Laporte, Laurent Cardona, l’arbitre de Toulon-Grenoble, a répondu au manager toulonnais au micro du Moscato Show. S’il a reconnu une attitude rigide, il l’explique par une volonté de se protéger.

Laurent Cardona, qu'avez-vous à répondre à Bernard Laporte, qui affirmait jeudi que lorsque vous rentrez dans le vestiaire, tout le monde tremble ?

Déjà, et je le dis sur le ton de l’humour, si je rentre dans le vestiaire et que je fais trembler Bakkies Botha, je suis fier de moi. C’est déjà pas mal. Je trouve ces propos-là un peu étranges autant de jours après la rencontre. J’ai un peu écouté tout ce qui s’est dit cette semaine. Je pense que cela cache autre chose. Une défaillance propre, soit de Bernard Laporte lui-même, soit de ses hommes. Je n’y comprends peut-être rien au rugby et les arbitres en général aussi. Mais quand le samedi, je n’arbitre pas et que je regarde Toulon jouer devant ma télévision, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.

Mais est-ce qu'il vous arrive de rentrer dans le vestiaire comme un ministre ?

Il peut m’arriver de rentrer la tête droite. Est-ce que j’ai un grand sourire quand je rentre ? Ce sera peut-être une facette de moi qu’il faut que je corrige dans l’avenir. Je me suis retourné vers Bernard Laporte après avoir fait le briefing avec les premières lignes. Je lui ai demandé s’il avait une question particulière à me poser. Il me dit : « Non, non, Monsieur Cardona, je vous souhaite un bon match ». Je réponds : « Merci messieurs, je vous souhaite un bon match ». Et je sors du vestiaire. Qu’est-ce qu’il faut faire d’autre ? Rentrer avec un chapeau pointu et faire un turlututu ? Rentrer en regardant ses chaussures et en ayant peur ? Il faut relativiser. On est 45 minutes avant le match. Les joueurs sont concentrés. L’arbitre arrive. Je suppose qu’ils utilisent ce moment-là pour rentrer dans le match. Est-ce qu’on a une allure de premiers ministres ? Est-ce qu’on est trop fiers ? Forcément, on en a un peu de fierté. Pour diriger 30 bonhommes, avec de grandes stars sur le terrain, si tu n’as pas de fierté propre, tu ne rentres pas sur le terrain.

Cette attitude, c'est finalement la conséquence de la pression que vous avez sur vos épaules à chaque match ?

Oui, c’est un bouclier. Contre la pression économique, celle du match, celle des clubs. Cette façon d’être un peu rigide, c’est un bouclier.

Est-ce que vous vous remettez en question ? Cette attitude peut laisser croire le contraire...

Nous nous remettons en question chaque week-end. Chaque week-end, nous nous demandons si le match que nous venons de faire est bon ou pas. Nous avons la chance d’être suivis par nos coaches. Nous avons la chance d’avoir une commission centrale des arbitres. Nous ne sommes pas professionnels. Notre statut va évoluer dans un avenir très, très proche. Je l’espère. Mais ce n’est pas parce qu’on nous mettra des milliers d’euros sur la table qu’on deviendra forcément excellent. Beaucoup de joueurs touchent des sommes importantes et cela ne les empêche pas de faire des erreurs sur le terrain.

A lire aussi :

>> Laporte : « Cet arbitre est un incompétent complet »

>> Pour le patron des arbitres, « Cardona arbitrera à nouveau Toulon »

Moscato Show