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Coronavirus: au rugby aussi, les joueurs s’interrogent sur la reprise

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Si l’UNFP et certains joueurs de Ligue 1 militent pour un gel prolongé de la Ligue 1 face au Covid-19, les rugbymen du Top 14 sont plus mesurés, bien que les inquiétudes et les interrogations quant à une éventuelle reprise de la saison soient présentes.

Reprendre l’entrainement à partir du 11 mai? Disputer des phases finales en août? Combien de temps de préparation avant d’être de nouveau compétitif? De nombreuses questions agitent les acteurs du Top 14 sur une éventuelle reprise de la compétition, suspendue en raison du coronavirus.

"J’ai très peur qu’on soit dans un schéma plus long qu’on ne le croit et qu’on ne rejoue finalement pas avant le début d’année civil, confie un président du Top 14. Je me demande si ça ne serait pas le plus prudent. Nous sommes le sport le plus exposé. En foot, ils ne se touchent pas. Ils peuvent reprendre. Ils sont moins en danger que nous avec les mêlées et les rucks. Tu as la bouche à côté des mecs dans les mêlées."

Malgré tout, la peur de reprendre ne semble pas s’être emparée du Top 14. "Il n'y a pas plus d'inquiétudes qu'au début de ce confinement, souffle le talonneur de l’UBB Clément Maynadier. On est de toute façon dans l'incertitude, l'incertitude de reprendre, de baisser nos salaires, de jouer des phases finales. Ce qui est sûr, c'est que si on joue en août comme cela se dit, on a du temps pour mettre en place le protocole de reprise et y réfléchir. Ce n'est pas la même chose que reprendre la saison en juin."

Le syndicat des rugbymen français Provale a rappelé que la santé des joueurs restait la priorité de tous. "Si on me dit de reprendre l’entraînement le 11 mai, je ne pense pas que j’irai sans souci et sans arrière-pensée, témoigne néanmoins l’arrière de Castres Julien Dumora. Ça fait réfléchir. On se dit que d’ici là, le virus n’aura pas disparu. C’est quand même assez complexe et forcément on se pose des questions, si reprise des entraînements. Je ne suis pas spécialiste, mais je me dis que dans trois semaines, le virus circulera encore."

Beaucoup de questions, énormément d'inquiétudes

Pour la majorité des joueurs, difficile de se projeter. "C’est dur de se dire 'on va la finir cette saison, on va se mettre en danger', lâche Jean-Baptiste Dubié, trois-quarts centre de l’UBB. C’est trop de choses auxquelles on ne peut pas répondre. La seule chose qu’on se dit, c’est de se maintenir en forme, de continuer l’entrainement parce qu’on l’a décidé ensemble."

"Mais aujourd’hui, ce sont vraiment énormément de questions, beaucoup d’inquiétudes, beaucoup de peurs sur notre avenir, enchaine Guilhem Guirado, le talonneur de Montpellier. On partage ces inquiétudes. Les joueurs sont assidus, ils se tiennent informés, posent beaucoup de questions." Les staffs techniques sont conscients de ces interrogations et placent bien évidemment la santé des joueurs au rang de priorité. 

"Je suis sûr qu’ils sont tous passionnés, analyse le manager du MHR Xavier Garbajosa. Mais il faut les mettre dans les meilleures conditions possibles pour les protéger et les mettre en sécurité par rapport à leurs santés. Si mon pôle médical me dit demain, tu peux y aller pour les entraînements, on a fait les tests nécessaires, il y aura pour nous une progression dans l’intensité. Mais le seul qui a la réponse pour cette reprise, c’est le pôle médical et il faut laisser faire les gens compétents décider. Quels que soient les différents scénarios imaginés par la ligue ou par les présidents, nous on est là, on s’adaptera."

"On se pose beaucoup de questions sur le contenu des entraînements, renchérit Dumora. Au niveau des coachs et des préparateurs physiques, ça doit se gratter la tête. Je ne nous vois pas nous entraîner avec des masques et des gants..." Si les points de vue des rugbymen français sont encore bien éloignés de leurs collègues footballeurs, les joueurs et entraîneurs aimeraient avoir quelques réponses à leurs nombreuses questions dans les jours à venir.

NP avec JL, WT et JFP