Elissalde contre Elissalde, c’est top !

Jean-Pierre Elissalde - -
Sur les murs de leurs maisons, à Saint-Etienne-de-Baïgorry (Pyrénées-Atlantiques) et à Toulouse, des souvenirs des trente dernières années. Des photos où apparaissent le père, Jean-Pierre, formateur puis entraîneur, et le fils, Jean-Baptiste, apprenti rugbyman puis international confirmé. Des images de La Rochelle, où le père a serré les premiers crampons du fils, et d’ailleurs. Dans quelques jours, les Elissalde accrocheront peut-être un nouveau cadre. Le premier portera sur le torse le logo de l’Aviron Bayonnais, dont il est redevenu le manager début décembre. L’autre aura les quatre étoiles du Stade Toulousain sur le cœur. Mais pour la première fois, le père et le fils seront sur le même versant de leur passion.
A Ernest-Wallon ce vendredi (21h), ils seront chacun dans la peau d’un entraîneur. Pour Jean-Baptiste (34 ans), en charge des arrières toulousains, et Jean-Pierre (57 ans), à la barre d’un Aviron qui tangue, hors de question toutefois de parler d’affrontement. « On partage trop de choses », explique le père. « Ça me posait plus de problèmes quand j’étais joueur et lui, entraîneur », confie ‘‘JB’’. Car le fils a toujours regardé vers les sommets quand le père essayait d’éviter les abîmes. « J’étais un joueur laborieux, donc je suis un entraîneur laborieux, assume ‘‘JP’’. Il était là pour gagner des titres, pour aller à la Coupe du monde (2007). Son vieux père n’était là que pour mettre des coups d’épaule et haranguer ses partenaires. »
« Tu ne t’agites pas trop, sinon le vieux va te calmer ! »
Mais l’ombre et la lumière n’ont jamais perturbé leur relation. « Je ne l’envie pas et il n’a surtout pas à m’envier », confirme Jean-Pierre, cinq sélections avec le XV de France, contre 35 pour Jean-Baptiste, au même poste de demi de mêlée. Entre eux, jamais de comparaison, toujours un apport. « Il est encore mon guide », glisse l’adjoint de Guy Novès. « On est dans l’échange », ajoute son père. Dans un sourire, il se rappelle que son fils lui a appris, à une époque, « quelques ruses non-réglementaires du Stade Toulousain, notamment sur la mêlée, qui [lui] ont été très utiles avec les juniors de Nafarroa (Pays basque) ».
Elles reviendront peut-être aux oreilles de M.Cardona, l’arbitre de ce Toulouse-Bayonne, ou feront monter la température au bord du terrain. Mais le père prévient. « Un conseil, Baptiste : ‘‘Tu restes dans ta zone, tu ne t’agites pas trop, parce que sinon le vieux, il va te calmer !’’ » Et le « vieux », il fêtera ses 58 ans le lendemain du match. « Il va m’offrir un beau cadeau, un point de bonus défensif », est persuadé Jean-Pierre Elissalde. « Si on prend le bonus offensif et eux le bonus défensif, ce ne sera pas fait exprès, mais ce serait l’idéal », reconnait Jean-Baptiste. Et ce premier face-à-face viendrait alors en bonne place dans la riche histoire familiale.