"La solution de facilité était de rester…" Christophe Urios se confie avant sa dernière saison à Castres

Christophe Urios - AFP
Vous avez d’ores et déjà annoncé avec le Castres Olympique que vous ne prolongerez pas l’aventure ensemble à l’issue de la saison qui arrive. Pour quelles raisons ?
C’est une décision très, très dure à prendre franchement. Ça m’a empêché de dormir parfois. Pour pleins de raisons. La première c’est que je suis très bien à Castres. J’ai une très bonne relation avec tout le monde, à commencer par mon président (Pierre-Yves Revol). J’ai un staff incroyable, un groupe qu’on a plutôt bien construit maintenant. La solution de facilité pour moi était de rester. Ça aurait structuré ma famille, etc. Mais franchement, j’avais envie d’autre chose. Si on n’avait pas été champion, je pense qu’on aurait fonctionné différemment. Mais le fait d’avoir été champion a fait basculer la décision. Aussi d’être passé par Castres avant. Quinze ans. Je connais beaucoup de choses par cœur, le fonctionnement du club. Donc je pense que ça a joué dans l’idée de vivre une autre aventure. Aujourd’hui, j’ai 50 ans, il faut aussi que je vive des projets ou des expériences différentes. (Il soupire) C’était une décision qui était extrêmement dure à prendre. Etant donné qu’on s’était donné comme objectif avec le président de le dire très vite, mon choix a été de dire : "écoutez, je suis très bien à Castres, mais j’ai envie de voir autre chose".
Est-ce pour votre bien ? Pour celui du Castres Olympique ? Des deux ?
Oui, des deux. Je trouve que c’est une décision qui est courageuse d’abord, parce qu’on sait que la saison est dure et qu’elle peut rajouter une forme de pression. Même si moi je ne la vis pas comme la dernière saison. Je la vis comme une saison d’après-titre, il faut se battre pour se qualifier. Puis je crois qu’elle est surtout saine. Alors ça peut parfois choquer les gens. Ils se disent : "dire ça en début de saison"… mais franchement je trouve qu’elle est saine.
C’est tout de même précoce et peut avoir un effet sur le groupe…
Je ne crois pas. Les choses sont claires. Après c’est ma décision et je pense qu’elle est bonne. Chacun travaille dans son sens. On n’a pas réussi à trouver cette espèce de continuité mais je crois que c’est courageux et sain. Au moins ça permet de poser le cadre.
"Je ne me sens pas aujourd’hui un candidat à l’équipe de France"
On a du mal à s’imaginer que vous n’ayez pas un projet derrière…
Je n’ai rien derrière. Aujourd’hui, il n’y a pas de calcul. C’est malsain de penser ça. Franchement. Aujourd’hui je suis sur ma quatrième année. On a fait jusque-là trois saisons pleines. Trois qualifications, on a sorti des internationaux, nos équipes de jeunes ont fait des finales. Un titre. C’est difficile quoi. Qu’est-ce que je peux faire derrière ? Et il n’y a pas de calcul. Du genre, "je m’en vais là, pour être disponible pour ça". La seule chose que je sais, c’est que j’ai eu un contact avec Toulon en fin de saison. Mais ça, tout le monde le sait. Sinon, aujourd’hui je n’ai rien. C’est pour ça que ça a rendu la décision difficile. Parce que tu pars pour rien finalement. Mais j’avais envie de ça. Donc je ne sais pas où je me retrouverai l’année prochaine.
Est-ce que le fait d’avoir été champion de France et d’avoir mené dernièrement les Barbarians français fait de vous un candidat naturel au XV de France ?
Franchement, je ne parlerai pas de l’équipe de France. On est dans une période qui va être décisive pour la Coupe du monde, il y a un staff qui est place et qui est plutôt bien… les Babaas je crois plus que c’était un cadeau de la part de l’encadrement et je pense à Denis Charvet. Je l’ai vraiment apprécié mais franchement, je ne me sens pas aujourd’hui un candidat à l’équipe de France. J’ai beaucoup de respect pour les gens qui sont en place et on verra bien comment ça évoluera. Mais il n’y a pas de calcul de ma part vers l’équipe de France. C’est malsain de penser ça.
Vous avez déjà dit qu’une grosse cylindrée du Top 14 pourrait vous intéresser et vous vous devez de viser plus haut en quittant Castres…
Forcément que si je choisis de partir de Castres parce que j’en ai fait le tour c’est parce que j’ai envie d’un projet différent. J’ai envie d’une équipe qui soit une équipe du haut du tableau… mais bon ces équipes-là sont coachées aujourd’hui. On verra bien les opportunités qu’il y aura. Oui j’ai de l’ambition, comme beaucoup de coaches du Top 14. J’ai aussi envie de me renouveler, je crois que j’ai fait beaucoup de progrès lors de mon passage à Castres. Je suis aujourd’hui un meilleur entraîneur que je ne l’étais à Oyonnax. De par l’opposition, de par les gens que j’entraîne, de par mon évolution… mais j’ai envie de ça, je suis quelqu’un de conviction, qui aime bouger. Même si j’ai fait huit ans à Oyonnax, mais à "Oyo" il y avait tellement de choses à construire. Aujourd’hui, je me sens avec plus de maîtrise, plus à l’aise et j’ai envie d’un autre défi, tout simplement. Après je sais qu’on va m’envoyer à droite, à gauche, mais j’ai les épaules suffisamment larges pour ça. Et puis, aujourd’hui, ça ne me préoccupe pas. Alors peut être qu’en janvier, si je n’ai toujours pas de solution, ça va me préoccuper sérieusement (sourire). Mais aujourd’hui, je suis à fond sur le projet castrais. Je ne me soucie pas de ce qu’il va se passer demain. Ce qui m’intéresse, c’est l’année présente.