Novès-Elissalde, tel « père, tel fils »

Guy Novès et Jean-Baptiste Elissalde - -
A les voir, on croirait presque observer un père et son fils. Le premier, tout dans la retenue. Le second dans la fougue. Mais tous deux inséparables. « "Jean-Ba" a une énergie débordante. C’est un diable en cage, raconte Yannick Bru. Guy, lui, a une approche plus paternaliste. Dans cette relation, il fait office de sage. » L’entraîneur des avants du Stade Toulousain et du XV de France parle évidemment de son manager, Guy Novès et de son homologue au sein des lignes arrières Rouge et Noir, Jean-Baptiste Elissalde.
Entre les deux hommes, une vraie complicité est née. Après huit ans sous les ordres de Novès, l’ancien demi de mêlée international vit désormais un véritable apprentissage aux côtés du plus expérimenté des managers du Top 14, voire du rugby européen (9 titres de champion de France, 4 titres européens) « Il est là pour me cadrer, me recadrer et essayer de me mettre sur la bonne voie, soit en me donnant les réponses tout de suite soit en me faisant réfléchir sur certains sujets » affirme le jeune technicien.
Novès : « Pourquoi pas postuler… quand j’aurai 85 ans ? »
Motivé et avide de savoir, Jean-Baptiste Elissalde oblige parfois Guy Novès à jouer le rôle de tampon. Ce dont s’accommode très bien l’intéressé, pourtant habitué à composer avec des entraîneurs de sa génération, ou presque (Gajan, Laïrle, Rougé-Thomas), jamais avec un élément aussi jeune (34 ans). « Jean-Ba ? Je l’appelle le Zébulon. Il saute partout, il veut tout faire. J’essaie de le tempérer pour qu’il ne se grille pas. J’essaie de lui éviter les pièges dans lesquels je suis tombé au même âge. Je ressens en lui la flamme qui était la mienne à mes débuts. »
Au point de succéder un jour « au big boss »? La question, hier encore tabou, ne l’est plus aujourd’hui. « Est-ce que ce sera possible ?, s’interroge l’éventuel heureux élu. Ce qu’il a fait ici, dans le rugby, ça n’existe pas. Guy a cette mainmise sur le club, cette vision sur le court, le moyen mais surtout le long terme, cette intelligence pour manager ses différents staffs. » Elissalde est encore dans l’admiration. Novès, lui, déjà dans sa célèbre anticipation. « Quand on m’a confié ce poste-là, c’était après 13 ou 14 ans d’entraînement. Si Jean-Ba continue avec autant de vigilance, d’honnêteté, de dévouement, s’il continue à aimer le club comme il le fait aujourd’hui, pourquoi ne pas postuler au poste de manager quand j’aurais 85 ans (rires) ? » Le passage de témoin aura certainement lieu bien avant. D’ici là, Novès aura encore quelques ficelles à apprendre à son fils. Samedi, lors du quart de finale entre Edimbourg et le Stade Toulousain, Novès dirigera son 125e match de Coupe d'Europe. Et son « fils », seulement son 15e.