Novès, l’homme qui sait gagner

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Fils d’ouvrier, petit-fils d’un chiffonnier républicain espagnol, Guy Novès n’oublie pas qu’il a ramassé des cartons pour payer la soupe. De ce passé ingrat, le Gitan, son surnom, a gardé un grand respect pour le travail. Au point de se classer plutôt à droite. En tout cas, il a fait du Stade Toulousain le plus grand club français de tous les temps.
A 57 ans, l’ancien ailier, qui n’a jamais connu que le maillot Rouge et Noir, collectionne les lauriers depuis qu’il est dans le staff toulousain (adjoint en 1989, entraîneur principal en 1991 et manager depuis 1993) : 8 titres de champion de France (1989, 1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2001, 2008), 4 titres de champion d'Europe (1996, 2003, 2005, 2010). En 2010, l’ERC le consacre meilleur entraîneur européen des quinze dernières années…
Une légende vivante élevée au rang de chevalier de la Légion d’honneur en 2006 et vénérée par ses joueurs. « Il a la gagne et les joueurs qui travaillent avec lui sont habités par cette envie perpétuelle de vaincre », raconte le flanker toulousain Yannick Nianga. Fort de son aura, Novès jouit d’une réputation d’homme à poigne. Entouré de ses hommes de confiance en charge du sportif (Yannick Bru pour les avants, Jean-Baptiste Elissalde pour les arrières), le Toulousain navigue au plus près de ses joueurs.
Skrela : « Il sait où il faut appuyer »
Quitte à jouer les paratonnerres quand les attaques viennent de l’extérieur. « C’est le patron, affirme Nyanga. Mais il fait preuve d’humanité. Il nous protège et fait en sorte que les joueurs soient dans leur cocon pour donner le meilleur d’eux-mêmes. » « En fait, il laisse le technique et la tactique aux coaches, souligne l’ouvreur international David Skrela. Lui s’occupe de l’être humain, des égos de chacun. Il sait quand il faut serrer la vis, il sait aussi quand il faut relâcher la pression. »
En échange, le technicien n’hésite pas à prendre ses protégés entre quatre yeux. « Parfois ça pique, raconte le troisième-ligne Jean Bouilhou. Ça nous met en colère, mais après on se pose les bonnes questions. » « Il sait où il faut appuyer pour qu’on soit à 100% le jour J », enchaîne Skrela. « Ton égo peut en prendre un coup, reconnaît Nyanga. Mais quand c’est juste, tu sais qu’au fond, il a raison. » « Quand il partira, glisse Bouilhou, il y aura forcément un passage à vide. » En attendant, il y a une demi-finale de Top 14 à disputer ce vendredi (21h) à Marseille, face au champion de France clermontois. La 18e d’affilée en championnat pour le Stade Toulousain. Quand les joueurs vous disent que leur entraîneur est un gars formidable…