Paris, la guerre du rugby

- - -
Sportif : les courbes se croisent
Les deux formations se sont affrontées en 1892 pour la finale du championnat. A cette époque, le Racing s’impose 4-3 avec comme arbitre, le baron Pierre De Coubertin. La président Lorenzetti a d’ailleurs souhaité organiser la rencontre entre les deux équipes au Stade de France en utilisant le savoir faire de Max Guazzini. En jeu : le « Trophée du Baron ». Le refus pur et simple du président du Stade Français a fait capoter le projet.
Pas besoin de remonter au siècle dernier pour trouver trace de querelle. Depuis deux saisons, ils sont en effet nombreux à avoir franchi le cap, passant du Stade Français au Racing. Pichot, Auradou, Saubade, Fillol, Hernandez, Mirco Bergamasco pour ne citer qu’eux. Et il se murmure que le club de la Croix-Catelan observe avec attention l’évolution des jeunes prometteurs du club voisin (Bastareaud ?). En passant de la Pro D2 (2009) à la tête du Top 14 actuellement, le Racing réalise en tout cas le coup parfait. Car dans le même temps, le Stade Français patine (9e).
Business : l’écart se resserre
L’écart se resserre entre les deux clubs parisiens. Le Racing culminait à 15,90M€ de budget la saison dernière contre 21M€ pour le Stade Français l’année dernière. Cette saison, ce ne sont que quelques milliers d’euros qui les séparent (18,94M€ contre 19,28M€). « On existe par rapport à nous-mêmes, pas par rapport aux autres, se braque Max Guazzini quand on lui soumet la comparaison. Et puis traditionnellement, on ne se critique pas entre club. Chacun fait ce qu’il veut. Ça ne m’intéresse pas du tout. »
Sur le terrain des stades, les deux clubs avancent deux projets identiques mais deux conceptions diamétralement opposées. Le Racing sortira de terre l'Arena 92 (30 000 places couvertes) fin 2013 avec un financement 100% privé. Quant au nouveau Jean-Bouin, il devrait être fin prêt fin au printemps 2013 (20 000 places) avec un financement 100% public (mairie de Paris). Avec 12 900 spectateurs de moyenne depuis le début de la saison contre 10 700 pour le Racing, c’est en tout cas le seul terrain où les Stadistes ont encore un peu d’avance.
Politique : opposition gauche-droite
« Stade Français Paris » (Paris, municipalité socialiste), « Racing Métro 92, le club des Hauts-de-Seine » (conseil général UMP). L’opposition se mesure dès l’énoncé de l’identité des clubs. C'est aussi - et c'est nouveau dans la bouche de Lorenzetti - la capitale contre la banlieue. « On partage quand même l’amour du rugby, tranche ce dernier. Mais je revendique l’histoire, la culture, la mémoire. Je fais en sorte que le sport reste au cœur de notre projet. Même si nous sommes moins spectaculaires que notre club concurrent. »