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Revol : « Le rugby aurait pu obtenir une revalorisation un peu plus significative »

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Alors que la saison touche à sa fin avec les demi-finales du Top 14 jouées le week-end prochain à Marseille, le président de la Ligue Nationale de Rugby fait un cours d’économie comparée rugby/football et, pour la première fois, évoque sur les droits télés signés il y a deux semaines.

Pierre-Yves Revol, Bordeaux-Bègles et Lyon accèdent au Top 14, est-ce l'avènement du rugby des métropoles ?

Ce qui doit prédominer, c'est l'aspect sportif. Les deux clubs qui accèdent au Top 14 le méritent, sur leur saison et sur leur phase finale. Mais on ne va pas profiler le Top 14 en fonction de données démographiques ou géographiques. Le sportif reste prédominant.

Il n'empêche qu'il est plus facile de bâtir des budgets conséquents quand on est le club d'une grande ville...

L'économie de notre sport, contrairement à celle du football par exemple, repose sur des ressources diversifiées parmi lesquelles les recettes aux guichets des stades prennent une importance considérable. Cela signifie que les grandes métropoles qui ont la chance de pouvoir bénéficier de grands stades ont plus d'atouts que les petites ou moyennes villes pour être pérennes. Paradoxalement, il est plus facile pour une ville moyenne de rester concurrentiel dans le football que dans le rugby. Car l'économie d'un club de football d'une petite ou moyenne ville est basée sur les droits télés pour une part d'environ les deux tiers du budget.

Ce qui n’est pas le cas au rugby…

Pour le rugby, les droits télés et marketing représente environ 15% et pour les gros clubs, c'est encore beaucoup moins. Et donc à contrario, les recettes guichets représentent pour le rugby beaucoup plus qu'au football... Des recettes aux guichets peuvent représenter jusqu'à 30% du budget pour certains clubs, mais en moyenne c'est 20%, plus qu'au football. Il est donc évident que ceux qui ont de grandes enceintes, qui peuvent les remplir, bénéficient d'atouts que les villes petites ou moyennes n'ont pas. Mais ce ne sera pas le seul critère de réussite et de développement du rugby. Une ville moyenne avec un projet, une bonne politique de formation et une zone de chalandise assez large peut encore rivaliser dans le Top 14, et heureusement il nous en reste quelques unes.

Les signaux sont-ils au vert?

Les affluences ont encore augmenté cette saison, c'était le cas la saison passée, il y a deux ans, il trois ans, il y a quatre ans... On vient de franchir la barre des 14 000 spectateurs de moyenne par match. On progresse.

Que dîtes-vous à ceux qui vous reprochent d'avoir signé pour 5 ans et 31,5 millions d'euros les droits TV du Top 14?

Dans ce dossier, il y a deux aspects très différents. En premier lieu, il y a l'exposition du rugby. L'objectif était que le rugby conserve une exposition médiatique importante et ce sera le cas. Non seulement ça permet une bonne promotion de notre sport, mais ça permet aussi aux clubs et à la ligue de pouvoir commercialiser les droits marketing. Pour cela, plus l'exposition sera importante plus on valorisera nos droits. Sur cet aspect, l'accord est très positif. Ensuite, concernant l'aspect financier, je pense que le rugby aurait pu obtenir de la part de son diffuseur une revalorisation un peu plus significative traduisant un peu mieux ses efforts depuis quelques années. Mais dans une affaire comme celle-ci, la concurrence joue et quand il y a absence de concurrence, c'est compliqué.

Recueilli par L.D.