Son bilan à la LNR, Boudjellal, le calendrier : les vérités de Paul Goze

Paul Goze - AFP
Un bilan « globalement satisfaisant »
« C’est difficile de donner soi-même une appréciation sur son propre bilan. Pendant cette mandature, nous avons eu de nombreux dossiers à gérer. Et il semble que les différents acteurs, en particulier les clubs, soient globalement satisfaits. Bien sûr, tout n’est pas parfait. Mais globalement, c’est satisfaisant. Il n’y a pas de mécontentement visible et on peut imaginer que les gens soient à peu près satisfaits de la manière dont a géré ce mandat. Evidemment, d’autres choses auraient pu être faites. Mais c’est aussi le but du deuxième mandat si je suis réélu. C’est parfois plus long qu’attendu. Ce qui n’a pas été fait dans le premier mandat pourrait être fait dans le second. Si je suis élu, ça sera un travail dans la continuité avec le plan stratégique qui sera le fil conducteur. Pour moi, les principaux points sont le développement géographique et le développement économique du Top 14 et de la Pro D2. Nous avons la chance d’avoir deux divisions à trente clubs et il faut maintenir ce dispositif et cette cohérence. »
Pourquoi briguer un nouveau mandat ?
« Je me suis posé des questions à titre personnel, car je viens toutes les semaines à Paris. Mais en ce qui concerne le projet, après avoir travaillé sur le plan stratégique sur les 18 derniers mois, il est évident que vous aspirez à le mettre en pratique. C’est un métier prenant et passionnant. Concernant mes plus grandes fiertés, je pense aux droits télé qui ont progressé, c’est la base du développement. Malgré les augmentions de revenus, nous avons maintenu une cohésion entre le Top 14 et la Pro D2, les nouvelles répartitions se passent de manière apaisée. Concernant la Coupe d’Europe, nous avons pu obtenir qu’elle soit en Suisse (le siège de l'EPCR est basé à Neuchâtel) et non plus dans les pays britanniques. Enfin, plus anecdotique, la finale à Barcelone. Cette contrainte de ne pas pouvoir jouer le match en France en raison de l’Euro a été une réussite. »
Mourad Boujdellal
« Mourad Boudjellal a fait ses preuves en tant que président de club. Il a eu des résultats. Il est tout à fait crédible pour être président de la Ligue. Il pourrait faire un bon président de la Ligue ou un mauvais. On ne sait pas. Ses résultats dans le rugby sont plutôt en sa faveur. La seule chose, c’est que lorsque l’on est président de la Ligue il faut savoir rester un peu plus calme parce que vous représentez l’ensemble des clubs. Vous représentez toutes les sensibilités et non pas une seule. Je n’ai pas de problèmes avec Mourad Boudjellal. Il envoie parfois des critiques sur moi ou ma personne. Mais j’ai pris le parti de ne pas répondre. Ce qui est important, c’est de continuer son chemin et de faire avancer le rugby professionnel. Chaque président, surtout dans un grand club, amène des choses. Déjà, il a remporté trois Coupes d’Europe. Il a amené une vison relativement médiatique de notre sport en faisant venir des joueurs extrêmement connus dans notre championnat. Je ne peux pas critiquer ça car j’ai été un des premiers dans ce domaine, en recrutant Dan Carter. Il a bâti une économie autour de ces stars mondiales. Cela lui a réussi. Comme d’autres, il a apporté sa pierre à l’édifice.
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Ses propositions pour la LNR ? Je ne vais pas les qualifier. Je ne vais pas me mettre à critiquer l’ensemble des mesures qu’il préconise. C’est un catalogue de mesures, les unes importantes et les autres qui le sont moins. Certaines ont été déjà essayées. Les présidents jugeront entre mon projet et le sien. (…) Le salary cap fait la grande différence entre nous. Cela a pourtant permis de réguler les salaires, surtout des très grosses équipes. S’il y a aujourd’hui une homogénéité dans le championnat, c’est aussi grâce à ce salary cap. Concernant les JIFFS (les joueurs issus de la filière de formation, ndlr), c’est la seule mesure qui peut permettre aux joueurs français de jouer. Sur l’autre solution, qui est les joueurs sélectionnables (que veut mettre en place Mourad Boudjellal), c’est tout à fait l’opposé, ça serait la porte ouverte à faire rentrer encore plus d’étrangers, et des jeunes. »
Pourquoi ne pas avoir modifié plus tôt la convention LNR-FFR ?
« Je ne fais pas de commentaires sur ce que disent les uns et les autres. Chacun a une opinion. Si je dois répondre à toutes les critiques qui peuvent être faites sur tous les sujets, je n’en finirai pas. La question c’est : est-ce que la convention va dans le bon sens ? Oui. Est-ce que la convention permet à ce que l’équipe de France et les internationaux puissent rivaliser avec les équipes adverses ? Oui. Est-ce que cela va nuire fondamentalement au club ? Non. Il y a des compensations financières et de recrutement, qui ont encore été améliorées ces derniers jours. Tout ça me parait assez équilibré. Je ne vais pas répondre ponctuellement à chacun qui critique mes actions. Sinon je n’en finirais jamais. (…) Il faut dire la vérité. S’il n’y avait pas eu le traumatisme du match contre les All Blacks. Si on avait perdu 27 à 22 contre les All Blacks, ce qui s’est passé cette saison ne se serait pas passé. Il faut être réaliste et conscient du problème. Les événements se sont passés comme ils ont été. L’équipe de France a été battue très largement. Et à partir de là, cela a servi pour une prise de conscience qui n’aurait pas eu lieu dans d’autres circonstances. Un mal peut entraîner un bien. »
Quel avenir pour le calendrier international ?
« Le calendrier international est pour l’instant en discussion. On essaie d’amener notre pierre à l’édifice en faisant des propositions. Je dois rencontrer prochainement les personnes de World Rugby pour en parler. Mais c’est sûr que le calendrier est quelque chose de très difficile à harmoniser. Et plus on s’y penche dessus, plus on voit la difficulté. Le calendrier est un problème de dates et on ne peut pas le surcharger avec de nouvelles compétitions, comme un championnat du monde des clubs. Ce que nous avons prévu, c’est un match annuel entre le vainqueur du Super Rugby et celui de la Coupe d’Europe, le match se jouerait alternativement dans l’hémisphère nord et l’hémisphère sud. Ça ne serait pas un véritable championnat mais une sorte de finale entre les vainqueurs de ces compétitions. Le calendrier doit d’abord être modifié et stabilisé avant de créer de nouvelles compétitions. L’EPCR (qui gère les Coupes d’Europe) a donné son accord. »