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Top 14 : comment Perpignan affronte la peur de sa vie

Alasdair Strokosch

Alasdair Strokosch - -

Douzième de Top 14, Perpignan jouera son maintien à Clermont, ce samedi, lors de la 26e et dernière journée du championnat. Une situation étouffante pour toute une ville et un club qui n’a jamais connu la descente.

Le poids de l’histoire est, dit-on, impossible à évaluer. C’est lorsqu’elle est en passe de s’écrire qu’on peut en prendre le pouls. Et en deviner l’exacte mesure. Ces jours-ci, à Perpignan, le passé de l’USAP a rattrapé tout le monde. Le simple curieux, l’admirateur occasionnel, le fervent supporter. Cent ans après avoir soulevé son premier Bouclier de Brennus, le 3 mai 1914, l’USAP jouera sa survie en Top 14 samedi à Clermont, elle qui n’a jamais quitté l’élite du rugby français. L’heure est grave. L’état d’urgence décrété, la mobilisation totale, à l’image de la centaine de courriers qui finissent sur les bureaux du club ou sur ceux du journal local, l’Indépendant.

Leur contenu ? Des conseils, des messages d’encouragement et des propositions d’aide, aussi. Même ceux qui ont déserté les lieux sont pris d’angoisse. « Si on aime ce club, on ne peut qu’être inquiets, compte-tenu de sa situation et des matchs qu’il reste à jouer samedi » confie l’ancien président perpignanais Paul Goze, aujourd’hui à la tête de la Ligue nationale de rugby. « L’USAP touche un département, une identité, quelque chose de très fort et de très ancré chez les Catalans, rappelle la figure historique du club et ancien international (23 sélections), Jean-François Imbernon. Vu l’état dans lequel nous sommes, nous avons tous pris un coup derrière la cafetière. »

Les principaux acteurs, eux, tentent de donner le change. Des sourires à l’entraînement, toujours, facilités aussi par des supporters peu virulents à leur égard. Mais en interne, les joueurs se sont parlés, rappelés surtout qu’ils détenaient entre leurs mains la santé économique de tout un club. Et ont mis leurs problèmes de côté… Pas évident, surtout lorsqu’il faut préparer un avenir, pas forcément lié à celui de Perpignan. « On n’est pas dans un monde de Bisounours, rappelle le président François Rivière. Vu la situation du club, un certain nombre de joueurs se préoccupe de ce qui pourra être son avenir. Il faudrait être idiot pour ne pas y réfléchir. »

Rivière : « Quoi qu'il arrive, il faudra transformer le club »

Mais le président fait une promesse : « Je vous garantis une chose: samedi, il y aura des lions sur le terrain. Et ceux qui ne se comporteront pas comme des lions et qui n’auront pas des comportements exemplaires samedi ne seront pas dans l’USAP de demain. C’est une évidence. Il est clair que pour les 100 ans d’Aimé-Giral, j’aurais préféré que nous soyons dans un contexte un peu plus serein. Mais seule la victoire est jolie. Et c’est la victoire qu’il faudra aller chercher. »

Le peuple catalan n’attend pas autre chose, lui qui est persuadé qu’avec sa vingtaine d’internationaux, Perpignan finira bien par se sauver. Même si le salut passe par un exploit à Marcel-Michelin. « Je suis peut-être un doux rêveur. Mais ce n’est pas totalement fini, assure l’entraîneur des trois-quarts, Patrick Arlettaz. Cela fait 25 ans que je suis dans ce milieu et ce sont les dix jours les plus compliqués que j’ai vécu dans ma carrière. On fera les comptes samedi après le match et à partir de là, on tirera des enseignements par rapport à tout ce qui s’est passé. »

Comme miser à l’avenir sur les jeunes, pas assez mis en avant pour Bernard Llaona, le patron de l’association sportive Usap (les jeunes) : « Ce que l’on peut déplorer depuis quelques années, c’est qu’on en intègre pas assez. » « Quoi qu’il arrive, il faudra transformer ce club pour que nous soyons assurément dans l’élite du rugby demain » estime Rivière. Maintien ou descente, la révolution de l’USAP est déjà en marche.

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A.D avec J.L