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Top 14 : La baisse des salaires, un sujet sensible

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La baisse des salaires des joueurs fait bel et bien partie des réflexions des présidents de Top 14. Beaucoup estiment qu’ils ne pourront en faire l’économie au regard la crise de la crise engendrée par l’épidémie de coronavirus. Mais le sujet est très sensible.

Le sujet est encore tabou. Mais ça ne devrait pas durer encore bien longtemps. Evoquée depuis quelques jours en raison de la crise sanitaire et économique provoquée par la pandémie, la baisse des salaires des joueurs est bien au cœur des discussions entre les différents clubs de Top 14. Des représentants des agents (Miguel Fernandez, président du syndicat Intervals, Baptiste Maous et Christian Joyard) ont ainsi été conviés cet après-midi dans le groupe de travail concernant l’évaluation de l’accompagnement des clubs. Mais pas Provale, le syndicat des joueurs, à son grand désarroi. Mercredi soir, lors de la visioconférence de tous les présidents ou représentants des formations de l’élite, le sujet est évidemment revenu dans les conversations. Le consensus se met en place chez les dirigeants. Selon eux, le championnat ne pourra pas faire autrement.

"Quelle marge de manoeuvre avons-nous? s’interroge un président. Comme tout le monde, nous avons les produits et les charges. Dans une usine, vous pouvez jouer sur les heures de productivité et gagner en gains de productivité avec des rémunérations identiques mais en augmentant le temps de travail. Ça ce n’est pas possible en rugby. On ne va pas ajouter dix minutes à chaque match... Il ne reste pas grand-chose et la marge de manœuvre ne peut-être que la masse salariale." Surtout que les exemples de plusieurs gros clubs de football à l’étranger ou du rugby anglais sont mis en avant pour d’autant mieux faire passer le message. Mais attention, la démarche ne peut pas être imposée aux joueurs en raison du droit du travail français très différent celui des pays britanniques. Il faudra d’abord en passer par une phase de concertation avec des joueurs actuellement au chômage partiel.

"C’est un sujet qu’il va falloir aborder, selon autre président. On ne pourra pas faire autrement. Ce sera différent en fonction des clubs. Par la loi, ça ne peut pas être collectif. C’est collectif dans l’approche et la manière de faire les choses mais, légalement, c’est individuel. Si les clubs filialisés veulent faire des chèques, ils feront des chèques. La mécanique n’est pas la même pour eux. Mais pour ceux qui sont dans l’économie réelle, ils n’auront pas le choix." Sauf que les joueurs, eux, l’auront. "Pour schématiser, il y aura trois catégories. D’abord, ceux qui disent oui tout de suite car ils ont compris la problématique, deuxièmement ceux qui disent oui mais combien? et enfin, ceux qui disent: pour moi, il n’en est pas question, moi j’ai un contrat. Mais ceux qui bloquent seront un peu mis au ban de la nation en caricaturant. Ce sera compliqué à supporter."

Marti: "Tout le monde devra faire un effort" 

A Clermont, le président Eric de Cromières veut y croire aussi. "Si les joueurs, en particulier les gros salaires de Top 14 – je ne parle pas des salaires de Pro D2 - acceptaient de faire un effort, je pense qu’on pourrait redresser la barre afin de sortir de cette crise, nous disait-il cette semaine. Cela permettrait de tourner définitivement la page de cette triste période dès l’été 2021." Même discours chez Laurent Marti, à l’UBB: "Tout le monde devra faire un effort, y compris les joueurs." Plusieurs éléments nous ont avoué être prêts à réduire leurs salaires, y compris des managers du Top 14. Reste à savoir de combien. Un geste symbolique de 2% ou 15% comme l’évoquent certains discrètement. Il est encore prématuré de le dire publiquement, car la situation est loin de faire l’unanimité.

"La LNR a-t-elle vraiment fait tout ce qu’il est possible avant d’imaginer cette baisse des salaires, s’interroge un juriste. Notamment concernant la "taxe Buffet" sur les droits télé, l’annulation de la TVA sur la billetterie, ou encore a-t-elle demandé un emprunt?" Même interrogations chez des agents pour qui le salaire des joueurs ne doit pas être l’unique, ou la principale, variable d’ajustement. Cela peut-il s’appliquer pour les contrats en cours? Ou uniquement sur ceux qui sont désormais signés? Autant de sujet qui vont encore animés les prochaines réunions. Et, confinés chez eux, beaucoup, dont le président de Provale Robins Tchale-Watchou, multiplient les réunions téléphoniques du matin au soir. Et c’est loin d’être terminé.

Jean-François Paturaud