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Toulon –Boudjellal : « Ce boulot me ronge de l’intérieur »

Mourad Boudjellal

Mourad Boudjellal - -

C’est un Mourad Boudjellal très déçu qui s’est exprimé après la défaite de Toulon en finale du Top 14. Prêt à abandonner son rôle de président, lassé par les émotions un peu trop vives vécues cette saison. Avant d’affirmer sa détermination à finir le travail et à aller chercher ce Bouclier de Brennus qui échappe à son club. Du Boudjellal dans le texte.

Mourad, quel est votre ressenti après ce nouvel échec en finale du Top 14 ?

Ce qu’il y a de plus surprenant, c’est que si on m’avait dit en début de saison que je serais champion d’Europe, finaliste du Top 14 et déçu, je ne l’aurais pas cru. C’est ça qui est fou dans le rugby. On est déçu parce que ça ne passe pas loin. Ce soir, je n’ai pas de raison de faire de colère particulière. Ça me change. Ce n’est pas comme l’année dernière.

Le scénario et la victoire de Castres ne vous ont pas étonné ?

Je ne suis pas surpris. Quand j’ai vu les joueurs castrais à l’entraînement, je les ai sentis affamés. Nous, on avait eu à manger il n’y a pas longtemps. Donc on avait un petit peu moins faim.

Et moins de gaz aussi…

On manquait un peu de carburant, oui. On vient d’enchainer le champion d’Angleterre, le leader du Top 14, Clermont et Toulouse sur un mois. Ça faisait beaucoup. Castres, ce soir, était sur une planète exceptionnelle.

« Plus difficile d’être champion du Tarn que d’Europe »

On vous sent également touché...

Ce que je veux dire, c’est que ce boulot, il me ronge un peu, il me ronge de l’intérieur et que c’est vachement dur. Je vais rester parce que j’ai commencé un boulot et j’aimerais le terminer mais je ne tiendrai pas longtemps comme ça. Il te ronge dans les défaites, il te ronge dans les victoires. Dans les victoires et les défaites, tu perds toute notion de la réalité de la vie. Qu’est-ce que c’est dans ta vie d’avoir perdu un match, quand tu penses à ce qui t’attend demain ? Tu te dis ‘ qu’est-ce que j’ai été con ‘ ! Tu es con et pourtant tu as mal. Et c’est ça qui te ronge. Quand tu vis et que tu n’es plus dans la réalité des choses, tu passes à côté de ta vie. Ou alors c’est simplement une drogue pour éviter la lucidité mais cette drogue, elle fait du mal.

Partir, c’est une question que vous vous posez régulièrement désormais ?

Ça fait longtemps que je me la pose la question mais je ne le fais par rapport à mon groupe, par rapport à mes joueurs. C’est difficile pour moi parce que je suis propriétaire du club. Si je ne l’étais pas, ça fait longtemps que je serais parti.

Vous allez donc repartir l’année prochaine avec quel objectif ? Conserver la Coupe d’Europe ? Aller chercher le titre en Top 14 ?

La vie ne te donne jamais les choses. En tout cas, en ce qui me concerne, elle ne m’a jamais rien donné. Je l’ai pris de force. Je vais donc continuer à faire ce que je fais depuis que je suis né. Plus c’est dur, plus je rebondis et plus je vais le chercher de force. Et je vais continuer comme ça. On essaiera de revenir au Stade de France l’an prochain pour la H Cup ou le Top 14. Et de faire en sorte qu’un jour, le Bouclier revienne à Toulon. Ça faisait 21 ans qu’on n’avait pas ramené la Coupe d’Europe. Peut-être qu’on ramènera aussi le bouclier. Ce qui est sûr, c’est qu’on a vu qu’il était plus compliqué d’être champion du Tarn que d’être champion d’Europe.

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Propos recueillis par W.T et P.Ta