Toulon : le paradis du dimanche

- - -
Mourad Boudjellal avait prévenu : « Je ne suis pas chez moi à Paris. Pour moi, le titre, c’est à Toulon. » La parole présidentielle en credo, les champions de France et d’Europe avaient fait dans le soft dans la capitale. Mais ce dimanche, place à la folie du retour dans la Rade. A la communion entre le peuple toulonnais et ses champions. Les joueurs et le staff s’étaient réservés pour. Leurs supporters aussi. « On va tout casser, on les attend avec impatience », pouvait-on entendre en ville. Promesse tenue. Dès le début de l’après-midi, les points de rendez-vous se remplissent. Devant la mairie, avenue de la République, ils sont des dizaines de milliers à chanter (50 000 personnes annoncées à l’heure des célébrations) et attendre sous un soleil éclatant. Dans la Rade, les bateliers entonnent un énorme pilou-pilou.

L’heure et demie de retard sur le programme initial ne va pas refroidir l’ambiance. Des sirènes retentissent dans le port au moment de l’arrivée des joueurs à l’aéroport d’Hyères en milieu d’après-midi. Accueillis par des centaines de supporters, les héros entament leur bain de foule. Accompagné par la foule, le bus officiel venu les récupérer voit les klaxons égayer sa route. Dans le véhicule, un néo-retraité savoure. « Jonny (Wilkinson, ndlr) regarde, ébahi, le monde qu’il y a depuis l’aéroport », raconte alors Bernard Laporte. Un passage par le centre d’entraînement de Berg plus tard, histoire de poser les affaires, le manager du RCT et ses hommes – Boudjellal en tête, Bouclier de Brennus sous le bras – montent sur un bateau de la marine nationale affrété pour les emmener devant la mairie, via la Rade. Certains joueurs grimpent sur le toit. D’autres se passent le Brennus de main en main à la proue pour le plus grand plaisir de la cinquantaine de bateaux qui les entourent.
« Wilko » citoyen d'honneur de Toulon
Puis le cortège pénètre dans la Rade. Alexis Palisson fait le spectacle en plongeant du haut du bateau. Ferveur hallucinante. « Wilko » applaudit la foule. On voit des larmes poindre dans les yeux de Boudjellal. Direction le balcon du bureau du sénateur-maire, Hubert Falco, où le président du RCT ne se fait pas prier pour présenter le Bouclier et la Coupe d’Europe. Boudjellal prend le public à témoin : « Qui est le meilleur joueur du monde ? » La foule entame un vibrant « Jonny, Jonny, Jonny ! ». La légende anglaise prend le micro, tout en retenue, félicitant ses coéquipiers et remerciant le public.

Les autres joueurs se succèdent pour s’adresser à la marée rouge et noire. Palisson chante « Allez Toulon ! » Le Néo-Zélandais Chris Masoe gratifie les supporters d’un haka. L’Australien Matt Giteau fait dans le classique pilou-pilou. Tous repartent sur le toit d’un camion-plateau vers la place de la Liberté pour une nouvelle présentation des trophées et de chacun des joueurs sous les vivats. Sur la route, Virgile Bruni tend la Coupe d’Europe vers la foule pour lui permettre de la toucher. A l’arrivée à destination, certains auront du mal à monter l’estrade pour cause de fatigue… et autre. Une cerise sur le gâteau clôt le tout quand Hubert Falco fait de Jonny Wilkinson un citoyen d’honneur de la ville. Les joueurs – sans Bastareaud, Michalak et Menini, partis s’envoler pour l’Australie avec le XV de France – termineront la fête dans la nuit toulonnaise. La ville leur appartient. « Il va falloir trouver de nouveaux rêves », avait lancé Boudjellal après la finale. Il en a déjà fait vivre de magnifiques au peuple toulonnais. Foi de Rade en fusion.
A lire aussi :
>> Wilkinson a soigné sa sortie >> Top 14 : Toulon, double ration de bonheur >> En images : les moments clés de la carrière de Wilkinson