Un derby enfin show

Sergio Parisse - -
Le sud de la France a longtemps conservé le monopole des derbys chauds. Les deux oppositions entre Bayonne et Biarritz cette saison n’ont, par exemple, pas manqué de sel. Depuis cette année, l’Ile de France n’a plus rien à envier au Sud-Ouest. Ce samedi après-midi (16h15) au Stade de France, l’opposition entre le Racing et le Stade Français comprendra tous les ingrédients pour faire monter la mayonnaise. L’enjeu sportif, d’abord : deux points séparent le Racing (6e, 59 points) et le Stade Français (7e, 57e points) dans la lutte pour intégrer le Top 6, qualificatif pour les barrages. Malheur au vaincu…
« C’est un peu notre finale, abonde Jérôme Fillol, demi de mêlée du Stade Français, qui est également passé par le Racing. Soit on continue l’aventure, soit ça s’arrête. C’est capital.» Présent à Paris depuis sept ans, Sergio Parisse reconnait que la portée de ce duel prend une autre dimension pour la première fois depuis la remontée des Ciel et Blanc en Top 14 il y a trois ans. « Je n’ai jamais vécu un derby basque, mais c’est vraiment chaud, compare-t-il. Le derby entre le Stade Français et le Racing a pris de la valeur, il a beaucoup plus d’intérêt. »
Flanquart : « Pas grand monde n’aime le Racing »
Alors que Max Guazzini a toujours minimisé l’importance de son gênant voisin, son successeur, Thomas Savare, est entré dans la surenchère avec Jacky Lorenzetti, son homologue francilien. Comme en témoigne la passe d’armes assez rugueuse entre les deux hommes au match aller (remporté 29-3 par le SF). Alors que Guazzini a toujours refusé de disputer ce derby au Stade de France, les deux oppositions de la saison s’y sont déroulées. « Pas grand monde n’aime le Racing, enfonce Alexandre Flanquart, troisième ligne parisien. C’est le deuxième club de la région parisienne, c’est un ennemi direct. Tout ça fait qu’il y a plus de tension. »
Pour certains, les retrouvailles entre les deux clubs d’Ile-de-France restent un cran en dessous des rivalités de clocher. « Il n’y a pas encore un phénomène identitaire d’opposition entre les deux, résume Guazzini, président du Stade Français de 1992 à 2011. A Paris, il y a beaucoup de provinciaux. Ce n’est pas la même chose que Bayonne et Biarritz qui sont à côté, qui ont une histoire différente et qui ne s’aiment pas. » Même son de cloche pour Eric Blanc, ancien du Racing : « Ils partagent beaucoup de choses : la formation, la même passion, le même sport, explique-t-il. C’est quand même un match qui oppose l’au-delà du périphérique à l’intramuros parisien. » Suffisant pour créer une rivalité…
Le titre de l'encadré ici
Lorenzetti : « Avec Savare, on ne partira pas en vacances ensemble »|||
Cinq ans après son arrivée à la présidence du Racing-Métro, Jacky Lorenzetti surfe toujours sur la rivalité avec le grand voisin, le Stade Français. Alors que le club Ciel et Blanc fête ses 130 ans à l’occasion du derby, l’ancien patron de Foncia n’oublie pas d’adresser des piques à son rival parisien et à Thomas Savare, le nouveau président du club avec qui il s’était écharpé lors du match aller. « Au Racing, le sport est au centre des débats. Au Stade Français, le rugby n’est qu’une composante, le spectacle est plus important, explique-t-il. Il y a une vraie opposition. C’est le derby le plus naturel parce que c’est le seul qui oppose deux clubs de la même ville. Toute la problématique d’affrontement en dehors du terrain tend automatiquement les relations entre les deux clubs et leurs présidents. A l’époque de Max Guazzini, on était ignoré. Thomas Savare nous a permis de faire ce derby, c’est une très bonne chose. On va le perpétrer. On a eu quelques différends. On ne partira pas en vacances ensemble ! »
N.C avec R.P