Un témoin raconte l’agression des Clermontois

Benjamin Kayser - -
C’est le genre de cauchemar difficile à oublier. Dans la nuit de samedi à dimanche après une soirée dans un bar-discothèque à Millau, Benjamin Kayser (blessures au bras), Aurélien Rougerie (idem) et Julien Pierre (à la hanche) ont été agressés avec violence par une dizaine d’individus munis d’armes blanches. Si les trois joueurs clermontois vont mieux, ils ont tout de même dû être hospitalisés après l’agression, digne d’une scène de Far West. Habitant de la sous-préfecture de l'Aveyron, Robin Treillet (22 ans) était avec les joueurs lorsqu’ils ont été pris à partie. Sérieusement blessé à la main, le Millavois raconte cette terrible soirée, qui l’empêche encore de bien dormir.
La soirée avec les rugbymen
« On s’est rencontré dans le bar d’un ancien rugbyman de Millau (le Yoda café, ndlr). Ce sont des mecs supers accessibles. Je ne m’attendais vraiment pas à ce que des joueurs de ce rang soient aussi disponibles. On n’est pas resté tout le temps avec eux. Ils étaient éparpillés au comptoir et dans la salle. Ça facilitait les échanges car ils n’étaient pas renfermés entre eux. Vers 00h30, on est allé en boite de nuit (la Suite). J’étais avec Morgan Parra, Fritz Lee et Damien Chouly. Comme ils ne savaient pas où c’était, on les a guidés. On a passé une super soirée ! A la fermeture, de ce qu’on m’a dit, une fille s’est un peu embrouillée avec un de ses copains. Un joueur a essayé de s’interposer en essayant de le calmer un peu. Ce sur quoi des insultes ont fusé entre des rugbymen et d’autres personnes, qui sont ensuite parties en scooter. On est parti aussi. Je présume que ceux qui nous ont agressés étaient les mêmes que ceux qui ont insulté les joueurs. »
L'agression
« Le guet-apens a eu lieu quand on ramenait les joueurs de l’ASM à leur hôtel, qui est à 550m environ de la boite de nuit. A environ 350m de la boite, j’ai vu deux scooters arriver devant nous, avec des lames. Il y a avait des joueurs isolés, donc ils ont pris le premier groupe. J’ai vu Benjamin Kayser, qui était devant moi, commencer à se faire agresser à l’arme blanche. Il était touché, donc j’ai essayé de m’interposer pour calmer les choses et pour qu’il n’ait pas des blessures trop graves. Et là, j’ai pris un coup de lame dans la main gauche.
Je pense que si je n’avais pas eu ma main, ça aurait été sûrement bien plus grave que ça car c’est ma tête qui était visée. Ils ont certainement cru que j’y allais pour les agresser à leur tour. Je sais qu'un autre joueur est arrivé en courant et ça les a fait fuir. Quand ils ont vu toutes les personnes de la rue courir après eux, ils sont partis. Le temps que les pompiers arrivent, les agresseurs n’étaient déjà plus là. Ça a duré une minute et trente secondes maximum. Je ne sais plus si les agresseurs étaient à visage découvert ou pas. Après, c’est très flou. Je ne me rappelle pas réellement de tout car c’est allé très vite. »
L'hospitalisation
« J’ai été hospitalisé en même temps que Benjamin Kayser et Julien Pierre. A l’hôpital, ils ont d’abord fait passer les deux blessures les plus importantes, donc Pierre, qui avait peut-être un organe vital touché, puis Kayser, qui avait une grosse plaie à l’avant-bras. Moi, ce n’était que la main. C’était grave, mais sans plus. C’est le tendon du petit doigt qui a été touché et j’en ai pour trois semaines d’ITT (Incapacité temporaire totale). J’ai eu 15 points de suture et j’ai des lésions au tendon. Ça n’a pas l’air très grave, j’arrive quand même à bouger mon petit doigt. Morgan Parra est monté à l’hôpital, il est passé me voir dans la chambre avant qu’on m’opère. Ils m’ont opéré vers 5h30 et je suis reparti le dimanche vers 12h00. J’ai revu Rougerie à l’identification, au commissariat, et on a échangé quelques mots dans le couloir. Jean-Marc Lhermet (directeur sportif de Clermont) m’a aussi remercié d’avoir « participé ».
Les séquelles de la soirée
« Physiquement, ça va. C’est vrai que j’ai un peu de mal à dormir et je ne mange pas beaucoup non plus. Je ne sais pas si c’est le contrecoup de l’opération ou de l’agression. Mais concrètement, c’est l’histoire de ma vie. J’ai passé quatre heures avec un joueur international et un autre qui joue dans un des plus grands clubs européens. Je préfère le prendre en rigolant plutôt que me dire qu’on a quasiment failli y passer. Je n’ai pas envie d’imaginer que ça aurait pu être bien plus grave que ça. Au final, c’est plus de peur que de mal. »