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Angleterre – France : Les honneurs et des regrets

Manu Tuilagi

Manu Tuilagi - -

Solides et réalistes en première période, les Bleus ont payé au prix fort leurs errements actuels en fin de match face aux Anglais (23-13). Le XV de France signe un troisième revers consécutif dans le Tournoi et se trouve plus que jamais sous la menace de la cuillère de bois….

L’embellie d’abord. Le coup de mou, ensuite, suivi du coup de froid. Et enfin, un suspense haletant, prenant même, mais sans happy end pour le camp français. Samedi soir, le XV de France a dansé une valse en trois temps, donnant d’abord l’impression de pouvoir gérer voire gagner son Crunch face à l’Angleterre. Avant de passer à côté de moments importants. Et de voir son jeu, solide et efficace, à défaut d’être génial (si ce n’est par à-coups, comme sur l’essai de Wesley Fofana) se déliter suffisamment pour buter, inlassablement, sur la muraille british.

Les hommes de Philippe Saint-André sont passés près de leur premier succès dans ce Tournoi 2013, près d’une victoire contre l’ennemi qui aurait ravivé son prestige et éloigné le spectre de l’édition 1957 et d’une certaine cuillère de bois. Mais comme face à l’Italie et au pays de Galles, c’est de nouveau têtes basses que les troupes bleues progressent dans ce Tournoi.

Des erreurs payées au prix fort

On l’a dit, le XV tricolore a encore payé au prix fort ses erreurs, matérialisés par de l’imprécision d’abord. Puis des fautes individuelles, ensuite. Avant cela, les Bleus avaient mis les ingrédients pour, comme le souhaitait Morgan Parra, « éviter de passer pour des cons ». De l’envie, de l’application. De la volonté, aussi, celle d’appliquer un plan de jeu cohérent, matérialisé par une charnière au rendez-vous, avec un Morgan Parra solide au pied et un François Trinh-Duc, inspiré, comme sur cette chandelle pour Fofana (4e) ou sur l’essai du même Fofana où, d’une sautée, il permet à Mathieu Bastareaud de faire le décalage idoine pour le centre auvergnat (30e).

Mais l’embellie bleue n’aura pas duré. Parra avait l’occasion de donner de l’air aux siens avant la pause ? Manquée. Même scénario lors de la reprise où le buteur tricolore manquait encore une opportunité de délivrer les siens du souffle anglais (9-10). Farrell, lui, ne tremblera pas au moment de permettre au XV de la Rose de reprendre les commandes (48e, 12-10).

Moins fringants et stériles en seconde période

Les Bleus ne le savent pas, mais le vent a tourné. Il souffle désormais dans le dos d’Anglais toujours aussi dominateurs mais beaucoup plus incisifs. Et surtout, toujours aussi puissants. N’est-ce pas Manu Tuilagi, qui prend un malin plaisir à tamponner la défense bleue à chacune de ses percussions. Pas toujours en vue, le centre anglais profite d’un ballon cafouillé sous une chandelle par Nyanga pour filer à l’essai (54e, 17-10). Michalak ralentit la saignée (17-13). Mais la messe est dite. Et les deux pénalités de Flood (73e et 76e) n’y changeront rien.

Moins saignant, moins lucide, le XV de France retrouve ses travers, ses imprécisions et semble, comme depuis le début du Tournoi, accuser un terrible contrecoup physique en fin de match (23-13). Difficile, dans ces conditions, d’aller chercher un exploit. Et d’éviter de perdre ses trois premiers matches dans le Tournoi, une première depuis 1982, même s’il n’y avait que cinq nations à l’époque… Alors que les Anglais, eux, filent tout schuss vers le Grand Chelem tant recherché depuis 2003. Les Bleus sont encore tombés, avec les honneurs cette fois. Pas sûr que cela les console vraiment. Car la cuillère de bois n’a cure de ce genre de considérations…

A.D