
Au charbon face au Chardon !

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Par respect pour son histoire séculaire, un Tournoi ne se galvaude pas, même une année de Coupe du monde. Surtout une année de Coupe du monde diront certains. Pour le XV de France, les raisons d’entrer tête baissée dans ce Tournoi 2011 n’émanent pas seulement du respect de la compétition. Mais avant de scruter l’horizon, un coup d’œil dans le rétro s’impose. Le 27 novembre dernier, les joues tricolores sont devenues vermeilles face aux assauts australiens : 59-16, personne n’a oublié l’humiliation au stade de France. Ni le public frondeur, ni les joueurs dépités, ni Marc Lièvremont qui, ce vendredi, a rappelé la douloureuse claque et la difficulté de s’en relever : « Il nous faudra sans doute bien plus d’une semaine de travail. Une victoire, même probante, contre l’Ecosse ne suffira pas à effacer l’ardoise et dire que tout est oublié. »
Peut-être que fin octobre, on en rigolera. Mieux, on s’en souviendra comme d’une pierre fondatrice d’un exploit encore à inventer. Car le terrible revers face aux Wallabies ne fut que la conclusion d’une année tragi-comique. Le rire d’abord, avec un nouveau Grand Chelem, le premier de l’ère Lièvremont, le troisième en dix ans. Les larmes ensuite, à l’été, à l’automne, avec des valises de points encaissés. Face aux pumas, aux Springboks, aux Wallabies, les Coqs se sont faits mangés tout crus.
L’Ecosse, un match piège
C’est donc forcément avec un appétit féroce qu’ils attaquent ce Tournoi. Mais au niveau de la complémentarité, on a déjà noté un premier couac dès la conférence de presse d’avant-match. Si Thierry Dusautoir place le XV de France au rang de favori à sa propre succession ; son entraîneur est plus réservé : « Ca commence bien, on n’est pas d’accord (rires) ! Moi, je nous vois plutôt dans la peau d’un challenger », a-t-il lâché, peut-être pour s’éviter un surplus de pression. Car on ne peut pas croire que ce soit un manque d’ambition en cette année capitale.
D’ordinaire, on prend comme une offrande l’accueil de l’Ecosse pour étrenner l’épreuve. Mais si le XV du Chardon n’a plus vaincu en France depuis 1999, il reste aussi sur cinq succès en six matches, face à l’Argentine par deux fois ou l’Afrique du Sud. Un écueil bien plus piégeux qu’il n’en a l’air. Dans le XV de départ, sans surprise, c’est du très solide devant. Mais derrière, une nouvelle fois, c’est un peu la roulette russe avec Traille à l’arrière, où il n’a pas joué une seule fois cette saison, l’inexpérimenté Huget à l’aile ou l’absence de Jauzion au centre. Marc Lièvremont lui-même avait enterré l’ère des essais (trois ans quand même) en assurant que ce groupe-là, sauf méforme ou blessures, serait celui du voyage en Nouvelle-Zélande. Ce samedi, il faudra vaincre la modeste Ecosse en banlieue parisienne puis passer l’hiver au chaud. Après seulement, on pourra commencer à penser au bout du monde,