Ces Bleus peuvent-ils battre l’Angleterre ?

Aurélien Rougerie - -
Il y a d’abord le côté pile. Les deux succès de la France contre l’Ecosse (34-21) et l’Irlande (22-25). La possibilité, avant le choc contre l’Angleterre, de conserver son titre dans le Tournoi et de rafler un deuxième Grand Chelem consécutif. Mais il y a le côté face aussi. Un jeu approximatif et brouillon. Une transmission de balle pataude. Et une grande fébrilité en défense. A quinze jours du « crunch » face à l’Angleterre, le XV de France ne rassure pas. Il interpelle. Il inquiète. Et soulève cette principale interrogation : ce quinze-là a-t-il une chance de ne pas finir en charpie sur la pelouse de Twickenham ?
Car tandis que la France tâtonne, l’Angleterre cartonne. Et ce ne sont pas les Gallois, dominés chez eux (16-29) et les Italiens, passés à la moulinette (59-13) qui diront le contraire. « On a l'impression qu'ils ont doublé de volume et qu'ils vont deux fois plus vite que les autres, c'est assez impressionnant », juge l’ailier toulousain Maxime Médard. Des ogres, les Anglais ? Leurs dix essais inscrits en deux matches, la forme olympique de leur ailier Chris Ashton (six essais) et l’assurance de leur jeu leur donnent de sacrés arguments. « Les Anglais m’ont impressionné c’est vrai. Mais ils ne sont pas encore du niveau des Australiens ou des All-Blacks », tempère l’ancien sélectionneur Bernard Laporte.
Saint-André : « On est bons lorsqu’on a peur »
L’intéressé connaît ce genre de scénario. En 2007, il était allé l’emporter chez les Anglais alors que ces derniers étaient favoris. Dans la foulée, son XV remportait le Tournoi. « On est toujours bons lorsqu’on a peur, estime le coach de Toulon Philippe Saint-André. D’autant que Marc Lièvremont a des certitudes. » Le guide tricolore sait qu’il pourra compter sur l’envie d’un Maxime Médard supersonique en ce moment. De l’enthousiasme de Vincent Clerc. De la montée en puissance d’Aurélien Rougerie. Et de la bonne étoile de Dimitri Yachvili, bourreau des Anglais en 2005 et 2006. A condition que celui-ci démarre en lieu et place de Morgan Parra.
« Il n’est pas impossible qu’il y ait des changements, laisse entrevoir Lièvremont. On pourrait aussi densifier le paquet d’avants pour bénéficier d’une entame un peu plus dynamique. » Autrement dit titulariser Chabal et Thion en lieu et place de Pierre et Bonnaire. Les alternatives ne manquent pas, en effet, au technicien français. Il aura tout le loisir d’y plancher lors des heures à venir et d’affiner son plan lors des dix jours de préparation que son groupe aura avant le « crunch ». « On a tous les moyens pour vraiment emmerder les Anglais », conclut Saint-André. Il s’agit de le démontrer désormais.