France-Irlande, ces supporters « reportés »

France-Irlande le 11 février - -
C’est l’histoire d’un fiasco terrible, dont les répercussions se font encore ressentir trois semaines après. Le Stade de France s’apprête une nouvelle fois à accueillir l’Irlande, ce dimanche (16h), avec ce coup-ci la certitude de ne pas la renvoyer chez elle sans même avoir goûté au gazon dionysien. L’autre certitude de ce couac historique est que les supporters de dimanche ne seront pas exactement ceux du 11 février. Côté irlandais évidemment, un voyage si long et onéreux se prépare des mois à l’avance et beaucoup ne pourront pas fouler le sol français une seconde fois en moins d’un mois. Les fans tricolores ne sont pas forcément mieux lotis.
Le XV de France compte des supporters aux quatre coins de l’hexagone et remonter dans la capitale s’est bien souvent avéré d’une part trop contraignant et d’autre part, trop cher pour les bourses les plus modestes. C’est le cas d’Adrien, étudiant de 24 ans à Toulouse, qui ne refera pas l’expédition. « Le week-end du 11 février m’était revenu à 250-300€ et encore, je m’y étais pris à l’avance, souligne le jeune homme. Il m’était impossible de remettre autant d’argent cette fois-ci. » Frustré et énervé, Adrien souhaiterait, à l’image de bon nombre de fans dans son cas, que les organisateurs prennent leurs responsabilités : « Ils devraient s’excuser avant le coup d’envoi, pour toutes les personnes dans ma situation, eux ont fait preuve d’incompétence ».
Des destins différents selon les budgets
D’autres sont plus chanceux. Plus à l’aise financièrement et donc plus à même d’assumer un nouveau périple en terres franciliennes. Gilles fait partie de ceux-là. L’informaticien haut-garonnais, qui avait passé deux jours à Paris à moindres frais grâce au CE de l’entreprise de sa femme, a précieusement conservé son billet en vue de ce match. Un aller-retour express dimanche, une valise moins lourde donc, mais l’occasion de vivre sa passion toujours intacte pour les Bleus.
« Une fois qu’on est dedans, on a envie d’y retourner (au Stade de France, ndlr), s’enthousiasme Gilles. Nous n’avions pas d’autres contraintes, obligations familiales ou autres qui nous empêchaient d’y retourner… Nous n’avons pas hésité. » Un déplacement qui coûtera tout de même à Gilles la bagatelle de 500€. Car oui, quoi qu’on en dise, il est bien question d’argent pour ce France-Irlande à la gestion humaine critiquable. Sanctionner les plus modestes pour des erreurs qui ne sont pas de leur fait, voilà une méthode bien paradoxale pour des dirigeants qui prônent un sport aux valeurs populaires.