L’heure de vérité

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L’Irlande, c’est le premier très haut sommet que doit atteindre le petit train bleu pour s’offrir un début de grand frisson dans ce Tournoi des VI Nations 2010. Après avoir gentiment dominé l’Ecosse (18-9) dans un succès dont on ne peut retenir que le résultat final, la performance de la mêlée et quelques individualités, le XV de France n’a pas le droit de rendre cette copie moyenne dont l’ère Lièvremont foisonne. Surtout que se profile une finale avant l’heure face au tenant du titre.
L’Irlande, c’est la classe européenne, le maître du continent. C’est un effectif qui se connaît par cœur. Le jeu du Trèfle n’est pas flamboyant, loin de là, mais diablement efficace. « Ils font des choses simples et bien, explique le troisième ligne Imanol Harinordoquy. Ils sont très peu pénalisés et quand tu joues une équipe qui ne te donne rien c’est difficile de l’emporter. Ils dégagent de la sérénité et de la confiance. Ils ne s’affolent jamais. »
Et en plus ils savent tricher. C’est Morgan Parra qui l’affirme. « Ils trichent tous les week-ends, il n’y a pas un moment où ils ne trichent pas mais à la différence de nous c’est qu’ils le font très bien. » Les Verts dominent la conquête. Ils sont les maîtres des airs et du combat aérien en touche avec le grand Paul O’Connell. Devant, ça travaille dur pour gratter des ballons dans les zones de regroupement et derrière il y a ce qu’il faut de maîtrise au pied avec Ronan O’Gara et de génie avec Brian O’Driscoll pour vous faire mal.
Dusautoir : « On a l’ambition de gagner ce Tournoi »
L’Irlande reste surtout sur une série de treize matches sans défaite dont un Grand Chelem dans le Tournoi la saison passée. La semaine dernière, ils ont petitement battu la faible Italie (29-11) mais il fallait lancer cette compétition avant l’affrontement de mastodontes d’aujourd’hui face aux Bleus. Un XV de France qui n’a pas franchement impressionné contre l’Ecosse, mais a montré que les bases étaient là. Avec un quinze de départ presque inchangé (Vincent Clerc et Alexis Palisson font leur entrée aux ailes), les hommes de Marc Lièvremont disposent du matériel suffisant pour faire mieux que contrarier ces Irlandais.
Mais à une seule condition : les priver de munitions. Comprendre ne pas en perdre et leur en voler. « On a l’ambition de gagner ce Tournoi, ça passe par une victoire contre eux, souligne Thierry Dusautoir, capitaine tricolore. Je préfère le match inabouti de l’Ecosse que l’on gagne plutôt que le match fantastique contre l’Irlande, l’an passé, que l’on perd. Il faudra mettre chaque occasion au fond. » Après avoir caché son jeu face aux Ecossais, la France avance masquée contre les Irlandais. Alors, pas question de bluffer contre ces Verts, parce qu’entre le grand frisson et la déception d’un Grand Chelem trop vite envolé, l’espace est mince.