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Les Bleus fans de trèfle !

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Meilleure nation du Nord, l’Irlande est devenue la référence des Bleus qui veulent s’inspirer de son pragmatisme et de sa haine de la défaite. Demain au Stade de France (17h30), l’élève défie le maître.

Aujourd’hui encensé, le « modèle » irlandais constituait l’anti-manuel de la réussite il n’y a pas si longtemps. Au milieu des années 1990, le virage du professionnalisme avait envoyé le Trèfle dans le décor. Avec en point d’orgue l’élimination en barrage du Mondial 1999 contre l’Argentine, à Lens. Un électrochoc pour la Fédération irlandaise (IRFU) et le point de départ d’une lente reconstruction basée sur deux principes simples : la mise sous contrat fédéral de tous ses joueurs professionnels, pour en disposer à sa guise et leur « répartition » dans quatre provinces (Munster, Leinster, Ulster, Connacht).

« Cette configuration leur permet de se concentrer uniquement sur la Coupe d’Europe et le Tournoi, jalouse l’arrière tricolore Clément Poitrenaud. Ils ne disputent que vingt matchs par an alors que, de notre côté, on joue le Top 14, la Coupe d’Europe, l’équipe de France à fond... C’est parfois difficile d’être bon sur tous les tableaux. » Trois des quatre dernières H Cup sont ainsi tombées dans l’escarcelle verte grâce au Munster (2006 et 2007) et au Leinster (2009), quand la France court après le trophée depuis 2005.

Lièvremont : « On les considérait comme des loosers »

L’émergence de la sélection nationale a elle pris plus longtemps. Malgré la génération dorée emmenée par le « gang des O » (O’Driscoll, O’Gara et O’Connell), le XV irlandais a vécu une nouvelle désillusion mondiale en 2007, encore en France (Paris) et toujours face à l’Argentine. « On considérait alors les Irlandais comme des loosers et de has been, si j’ose dire, se rappelle le sélectionneur français Marc Lièvremont. Jusqu’en 2008, on annonçait ces joueurs vieillissants. Et puis, à travers leur organisation, ils ont retrouvé le chemin de la victoire. »

Une révolution qui porte la signature de Declan Kidney, en poste depuis l’automne 2008. En quelques mois, l’homme de la réussite du Munster a su insuffler pragmatisme et haine de la défaite. « Ce n’est pas un rugby très spectaculaire ou très impressionnant mais c’est un rugby qui gagne », envie Lièvremont. Auteurs en mars dernier de leur premier Grand Chelem depuis 1948, les Irlandais restent sur une impressionnante série de treize matchs sans défaite. « Ils n’ont pas mis de raclée à tout le monde mais ils sont excellents sur les fondamentaux, analyse le troisième ligne français Imanol Harinordoquy. Ils dégagent une grande sérénité, ne s’affolent jamais. Ils font des choses simples mais ils les font tellement bien. »

Mix de stars trentenaires et de talents en gestation, l’Irlande s’est frayé petit à petit un chemin vers des sommets que les Bleus escaladeraient bien à leur tour.

S.C. avec C.C.