Les joueurs en première ligne

Vincent Clerc est un des rares à être passé entre le feu des critiques - -
Ils voulaient mettre les choses au point. Comme pour se rassurer et prouver qu’il n’avait pas lâché leur entraîneur. Au lendemain de la défaite en Italie (22-21), l’ensemble du groupe français avaient souhaité rencontré Marc Lièvremont. Menés par les cadres Bonnaire, Clerc, Dusautoir, Servat ou encore Rougerie, les acteurs du fiasco romains ont souhaité mettre sur le tapis le projet de jeu proposé par leur entraîneur. « Ça a été agité et animé, avoue Vincent Clerc. C’est normal de se faire engueuler après un match comme ça. Mais ça n’a pas été qu’une partie de la discussion. Après, on est entré dans une démarche constructive. »
Très remonté, Marc Lièvremont aurait reproché à ses joueurs de se tromper de combat. Comment en effet vouloir prendre les clés du camion et proposer un changement de jeu, quand on n’est pas capable de réaliser des plaquages et de montrer un réel engagement. Car après avoir été sous le feu des critiques au lendemain de l’humiliation du Flaminio, Marc Lièvremont n’apparaît pas comme le seul et unique responsable du mauvais Tournoi français.
Certains comme Morgan Parra parlent de « rachat ». D’autres comme Vincent Clerc évoquent une « boule au ventre ». D’autres encore comme Lionel Nallet regrettent le « manque de combat ». Une conclusion s’impose : le management directif n’est-il par l’alternative aux échecs répétés, plutôt que l’ultra-responsabilité comme on a pu l’avoir il y a quelque temps ?
Moscato : « Cette équipe de France ne m’est plus sympathique »
« Certains se plaignent en coulisse du projet de jeu de Lièvremont. Ils devraient au contraire se concentrer en priorité sur le combat et les bases du rugby avant de critiquer le plan de jeu mis en place par le staff, s’offusque Vincent Moscato, 4 sélections en équipe de France. Il faut se rendre à l’évidence : les internationaux actuels ne sont pas les meilleurs de l’histoire des Bleus. Marc a voulu responsabiliser ses joueurs et c’est une erreur. J’ai l’impression qu’ils ont lâché leur coach. »
International aux douze sélections, Thomas Lombard va plus loin dans l’analyse. « Il y a des mecs de 20, 21 ans qui ne sont plus sur le même format que le nôtre. Les mômes sortent de centre de formation à 15 ans. On leur a appris à être de bons joueurs de rugby, mais pas forcément à vivre ensemble en groupe et à avoir une vie trépidante comme on a pu la connaître. »
L’ancien trois-quarts centre du Stade Français évoque ici notamment les troisièmes mi-temps. Ces moments de ‘‘détente’’ où les joueurs se retrouvaient tous ensemble pour célébrer la rencontre. Victoire ou défaite. Ces moments existent encore. Mais ils se font plus rares. « C’est un système ultra-professionnel. Dans ce sens, on se rapproche du football, continue Lombard. C’est aussi pour ça que nous avons des joueurs qui peuvent paraître insipides et sans saveur dans leurs déclarations. » Moscato abonde : « Cette équipe de France ne m’est plus sympathique. Il manque une âme à ce groupe. Je n’ai pas dit qu’ils sont antipathiques mais ils ne dégagent pas un véritable état d’esprit. »