RMC Sport

Retière : « Nous sommes des affectifs »

-

- - -

Une semaine après la défaite en Angleterre et alors que se profile un déplacement à Rome pour affronter l’Italie, l’entraîneur des avants français revient sur le voyage français à Twickenham. Et espère désormais terminer le Tournoi de la meilleure des manières.

Didier, huit jours après la défaite en Angleterre (17-9), avez-vous le sentiment d’avoir plus appris que lors des deux premières victoires dans le Tournoi ?

C’est le côté culturel français. Il faut qu’on soit dans l’échec pour apprendre. Alors je vais répondre oui (rire). Nous sommes malheureusement là-dessus. On a peut-être plus appris de la défaite en Australie que de la victoire dans le Grand Chelem. C’est un peu dommage d’être dans l’échec pour avancer et changer les choses.

Est-ce regrettable ?

Nous sommes des affectifs. Nous avons toujours tendance à nous endormir quand on gagne et à nous révolter quand on perd. On se fait violence pour être plus pragmatique. On se bagarre là-dessus depuis quatre ans. C’est ce qui explique les résultats en dents de scie avec des performances extraordinaires et des victoires tout aussi extraordinaires. C’est le travail à mettre en œuvre. On s’inspire beaucoup de l’équipe de France de handball. Il aura fallu beaucoup de temps pour installer cette base de jeu ambitieuse.

Comment avez-vous vécu les critiques ?

Ça montre que le rugby est important. Nous sommes sur notre projet. Il y a plein de choses que nous ne maitrisons pas. Quand on gagnera, on sera les meilleurs et quand on perd, on sera les plus nuls. C’est malheureusement la réalité des choses.

Avez-vous eu envie d’afficher les coupures de presse critiques pour révolter votre groupe ?

Ça marche une fois de temps en temps. Il faut savoir le faire au bon moment. Ça peut servir, mais c’est une autre manière de fonctionner. Ce sont des vieux ressorts à sortir à propos. Je trouve que c’est un côté très latin. Il faut trouver un ennemi pour se sublimer. Mais quand l’ennemi est toujours le même, ça ne sert à rien.

Avez-vous eu le sentiment d’avoir été trop pénalisés contre les Anglais ?

Ça fait malgré tout partie des aléas du jeu. Les joueurs ont été déstabilisés. Ça aurait demandé une meilleure adaptation. Ça fait partie de l’expérience que nous devons encore acquérir. C’est difficile pour les joueurs de gérer cela, mais ça devrait rendre cette équipe un peu plus forte.

Cela veut-il dire que les Anglais sont truqueurs ?

On sait que c’est l’équipe qui va le plus au sol. Ce sont ceux qui ont le plus de mêlées effondrées. Soit ils sont très forts et tout le monde effondre contre eux, soit ils sont moins forts et ce sont eux qui tombent. Ce qui est paradoxal, c’est que nous ne sommes pas réputés pour être une équipe qui tombe facilement…

Recueilli par L.D.