XV de France: "Cette équipe de France est irrésistible", se réjouit Lièvremont

Super Moscato Show: À l'image de l'interception salvatrice de Dupont face aux Gallois, le XV de France a-t-il de la chance dans ce Tournoi des VI Nations?
Marc Lièvremont: Dire que l'équipe de France est en passe de réaliser le Grand Chelem grâce à la chance, c'est à la limite de la malhonnêteté! Vous exagérez, j'ai le droit d'exagérer un peu aussi. C'est juste un fait de jeu. (...) On sent que cette équipe de France est irrésistible. Contre le pays de Galles, ça a été plus compliqué. Mais quand tu mets tous les moyens pour réussir, effectivement le ballon qui est ovale provoque les bons rebonds. On sent quand même que cette équipe est construite pour gagner. Ces mecs sont attachants. Ils ont encore une marge de progression qui est gigantesque. Il y a quelques années, on était sur une mauvaise dynamique, les rebonds étaient contraires, rien n'allait. Aujourd'hui, on a l'impression que rien ne peut arriver. J'ai le sentiment que cette équipe domine de la tête et des épaules ses adversaires. (...) C'est tout sauf de la chance, selon moi.
Vous avez parlé de marges de progression. Dans quels domaines?
À tous les niveaux. Quand on la suit depuis deux ans, on voit de quelle manière elle progresse. Elle est capable de répondre à tous les aléas, à tous les styles de jeu, de produire, de punir les adversaires sur contre-attaque. Son système défensif est de plus en plus au point, son paquet d'avants est à la fois puissant et mobile. Il y a beaucoup de complémentarité et de diversité. C'est ce que j'aime dans cette équipe. C'est le propre d'une équipe de rugby, d'un collectif. Des gens comme Romain Ntamack, on pouvait se douter qu'il allait devenir international. Puis d'autres, comme Gabin Villière et Mohamed Haouas, ont des trajectoires complètement différentes et moins évidentes. (...) Le Grand Chelem, c'est une étape. Il y a la Coupe du monde 2023. À mon avis, pour la première de l'histoire de ce jeu, l'équipe de France va être favorite pour ce titre. Et elle est construite pour faire aux moins deux Mondiaux. La marge de progression me parait gigantesque.
"France-Angleterre, ce ne sera pas le scénario de France-Galles"
Il y a-t-il un risque d'abuser du jeu de dépossession contre l'Angleterre?
Contre l'Angleterre, il va faire beau, les Français vont être déchaînés, portés par un stade en ébullition. Il y a eu quatre matchs et quatre scénarios différents depuis le début de ce tournoi. Il n'y a pas eu quatre France-Galles. Contre l'Irlande, ça a été un match de rugby extraordinaire. Contre la Nouvelle-Zélande, ça a été un match extraordinaire, où les deux équipes ont produit un spectacle de rêve. On ne sait pas quel va être le scénario de ce France-Angleterre, mais on peut parier que ce ne sera pas celui de France-Galles. Je n'aime pas le terme de jeu de dépossession, mais il faut reconnaître que Fabien Galthié, avec son pragramtisme, sa science du jeu, a mis ça en place parce qu'il a considéré qu'il était plus facile de jouer au pied et de punir l'adversaire en contre. Aujourd'hui, ils sont capables de temps en temps comme à Cardiff de faire un jeu de dépossession et de la punir sur des contres, mais aussi de produire du jeu comme elle l'a fait contre l'Irlande et les Blacks. J'espère qu'on va martyriser les Anglais.
Vous étiez à la tête des Bleus lors du Grand Chelem de 2010. Il y a-t-il une resssemblance entre cette génération et celle que vous avez entraîné?
Il y a des similitudes, car réaliser un Grand Chelem, c'est une aventure magnifique, qu'importe le contexte et l'époque. Maintenant, les comparaisons s'arrêtent là. Quand on l'avait gagnée, le contexte n'était pas le même. La dimension politique n'était pas la même. Ça avait été à l'arrache, on en avait bavé, on avait gagné 12-10 contre l'Angleterre, c'était un enfer avec Wilkinson. (...) C'était déjà contre l'Angleterre il y a 12 ans, l'Angleterre n'avait rien à gagner sauf nous casser les pieds, l'Angleterre était vice-championne du monde après avoir perdu déjà contre l'Afrique du sud. Mais ça s'arrête là.
J'ai une pensée pour les staffs et joueurs de ces dix dernières années. C'était difficile, il n'y avait pas de confiance. Là, il y a le bon dosage entre énormément de talents, une très belle homogénéité, une très belle complémentarité, un excellent staff, un contexte politique apaisé où tout le monde va dans le sens de l'équipe de France. (...) Tous les arguments sont là pour que ça réussisse. On est heureux de la supporter, de l'encourager.
Est-ce lié à la présence du président Bernard Laporte?
Je peux le dire aussi, évidemment. Qu'il y ait un bon alignement avec la personnalité de Bernard, son expérience, son amitié avec Fabien Galthié... Évidemment que ça fonctionne [mieux que] qu'avec Laporte et Novès sélectionneur qui ne peuvent pas se voir. Ça fonctionne mieux quand il y a des dirigeants comme Didier Lacroix, Thomas Lombard et bien d'autres, mais aussi des entraînjeurs comme Ugo Mola qui jouent le jeu et vont dans le sens de l'équipe de France. Il y a toute une dynamique extrêmement positive.