Une faillite mentale...

Luc Ducalcon, Thierry Dusautoir et Dimitri Yachvili - -
Des têtes d’enterrement. Les mains sur les hanches et les yeux dans le vague, les joueurs du XV de France n’ont pas pu masquer leur désarroi sur la pelouse du Wellington Regional Stadium ce samedi, quelques instants après leur défaite face aux Tonga (14-19). Battus pour la deuxième fois en quatre matchs dans la poule A, ils passent en quarts de finale par la toute petite porte. Et c’est cette perspective qu’ils ont préféré mettre en avant dans les couloirs du stade, devant les micros et les caméras. Plutôt que de revenir sur cette humiliation.
Seule pointe dans leurs mots la crise psychologique qu’ils traversent. « C’est dur, mentalement », concède Morgan Parra, soumis d’entrée au défi physique par les solides Tongiens. « On est tombé face à une belle équipe des Tonga, ajoute-t-il. Il y a du boulot. » Effectivement. « On dit bravo aux Tongiens », renchérit Vincent Clerc, dont l’essai en fin de match a permis d’accrocher le point de bonus défensif pour la qualification. Ou comment donner du crédit à la victoire des Tonga pour mieux cacher leurs propres errances.
Trinh-Duc : « Moi, je n'ai rien à dire »
Dimitri Yachvili retrouve un minimum de pertinence. « On a fait preuve de fébrilité et on a manqué d’agressivité sur les plaquages », reconnait le Biarrot. « On a joué à l’envers, préfère résumer Julien Bonnaire, raffuté par Hufanga sur l’essai tongien. Il ne faut pas chercher plus loin, on n’y était pas. Tout simplement. » Un peu courte, l’explication. Il n’y aurait donc que dans les têtes que ça ne tournerait pas rond. Il faudrait faire venir en urgence en Nouvelle-Zélande un escadron de diplômés en psychologie. Pour que, dans une semaine à l’Eden Park d’Auckland, le traumatisme soit effacé.
Ecarté par Marc Lièvremont depuis deux matches, après avoir été son étendard, François Trinh-Duc n’est pas docteur. Et puis, de toute façon, il n’a pas envie de s’épancher. De révéler ses blessures. « Il faut se resserrer, se dire les choses s’il y a quelque chose à se dire, explique-t-il. Mais moi, par exemple, je n’ai rien à dire. C’est dans ces moments durs qu’on voit s’il y a de la solidarité, de la fierté dans une équipe. Ce n’est pas quand tout va bien. » Il se serait temps que les langues se délient, que les mots claquent. Ça aiderait peut-être à évacuer le malaise.