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XV de France - Blanco : « J’ai envie de rêver »

Serge Blanco

Serge Blanco - -

Serge Blanco a accordé un entretien exclusif à RMC Sport, qui sera diffusé en deux parties. Dans ce premier volet, le vice-président de la FFR livre son sentiment sur le XV de France et son début de tournée réussi. Il évoque également Saint-André, Clerc et les Samoa, futurs adversaires des Bleus.

Que vous inspirent les récents résultats du XV de France, victorieux face à l’Australie (33-6) et l’Argentine (39-22) lors de sa tournée d’automne ?

Ça me ravit. Ça me permet de regarder l’avenir avec un léger sourire. Si l’encadrement désigné est capable de tenir ses hommes, on sait qu’ils arriveront à créer une émulation salutaire pour l’équipe de France. Quand on se rend compte qu’un certain nombre de joueurs ne sont pas encore classés dans les anciens, qu’ils sont compétitifs pour la prochaine Coupe du monde et qu’ils n’ont pas joué en ce début de novembre, je me dis qu’il faut regarder positivement vers l’avenir. J’ai envie de rêver et aujourd’hui je commence à rêver les yeux ouverts. 

Avez-vous apprécié la première mi-temps des Bleus face à l’Argentine ?

Pas en termes de technique mais en termes d’enthousiasme, oui, ça m’a plu. Quand on a retrouvé cette envie féroce de défendre la ligne, de pouvoir les croquer, courir, sauter, récupérer ces ballons, les amener vers l’aile, savoir étirer le jeu ou aller en pénétration quand il le fallait. Ça fait des années que je n’en avais pas vu ça en équipe de France. Ça ne veut pas dire qu’on est arrivé mais on sait qu’on est capable de le faire. 

Que pensez-vous de l’arrivée de jeunes joueurs en sélection ?

Je crois qu’on est dans la continuité des idées et des discours qui ont été affichés. Petit à petit, on voit que ça commence à porter ses fruits, avec une idée directrice très intéressante : celle d’intégrer les jeunes. On voit que le rugby français n’est pas en reste pour être compétitif avec des nouveaux.

Estimez-vous que Philippe Saint-André a trouvé son groupe ?

Je ne pense pas qu’il ait trouvé son équipe. Mais il a trouvé son équilibre en termes d’état d’esprit et de vision de jeu. Son message passe très bien. Aujourd’hui, il doit continuer à former ses soldats. Mais pour bien mettre en place un jeu, ça va demander des années. S’il y a un résultat négatif, ça ne doit pas être grave. Le tout, c’est de savoir dans quel état d’esprit ça été fait. C’est pour ça que j’ai dit qu’il n’a pas trouvé son équipe mais il va la peaufiner et il ne sera pas loin de la trouver. 

Il semble malgré tout qu’une ossature se dégage. Il sera peut-être plus difficile pour un nouveau joueur d’intégrer la sélection dans les prochains mois…

Ce groupe n’est pas figé, c’est juste le groupe du mois de novembre. Malheureusement, entretemps il y aura des blessés. Des garçons vont quitter cette équipe, d’autres seront choisis. Il y aura une autre aventure. Il y a une sélection qui se fait naturellement, à travers des rencontres et des résultats. Il y a trois hommes, emmenés par « PSA », qui auront un jeu à mettre en place. Ce jeu, je crois qu’ils sont en train de le rendre super intéressant. Je pense qu’il y a une prise de conscience qui doit être amenée pour qu’on dise que le rugby français a un potentiel exceptionnel. 

Vous détenez toujours le record d’essais inscrits avec le XV de France (38). Mais Vincent Clerc (34) vous rattrape…

Il peut même me dépasser, ça me ferait vraiment plaisir Je n’ai jamais joué pour les records, je pense que lui non plus. Tant qu’à faire, je préfère que ça soit un joueur comme lui. Ça prouve qu’il a la grande classe et un mental exceptionnel. Il est intéressant dans un rôle de finisseur. On sait aussi qu’il est capable d’être un créateur ou un défenseur. Aujourd’hui, il représente le joueur type derrière et pas uniquement le trois-quarts aile qui va vite, à qui on donne les ballons en espérant s’en sortir. Il est capable d’amener le danger à n’importe quel endroit sur le terrain.

Comment jugez-vous l’équipe des Samoa, future adversaire de la France samedi au Stade de France ?

C’est un véritable danger car c’est un rugby des îles, qui évolue petit à petit. Je les comparerais aux petites nations du football d’il y a 20 ans, à qui les autres équipes nationales mettaient 7 à 9 buts. On s’aperçoit que le professionnalisme s’est mis en place. Ces joueurs voyagent, jouent dans des grands clubs et sont formés pour devenir compétitifs. Ils ont en plus une morphologie et une mentalité qui n’ont pas d’égal. Ils sont guidés par la foi, par le groupe. Tout ce qu’ils font sur un terrain de rugby, ils le font pour leur famille, leurs amis, leur nation. C’est tout ça qui les rend très dangereux. C’est un rugby physique car ils sont charpentés naturellement. Il faut se méfier d’eux.

Propos recueillis par Olivier Schwarz