XV de France: comment Novès gère le traumatisme de la Coupe du monde

Cette fois, il y est. Ou presque. Au troisième jour de stage du XV de France à Marcoussis, Guy Novès était convié à Londres ce mercredi au rassemblement des capitaines et sélectionneurs la traditionnelle présentation du Tournoi des VI Nations. Une première pour le nouveau boss tricolore et l’occasion de revenir sur le traumatisme vécu par les Bleus lors d’une Coupe du monde dont ils étaient sortis par la petite porte, laminés 62-13 par d’implacables All Blacks en quart de finale. A dix jours de l’entrée en lice dans le Tournoi, le 6 février (15h25) au Stade de France, on avait forcément envie de savoir : alors, comment ça va dans les têtes françaises ? Pas trop mal apparemment.
« C’est surmonté, répond Guilhem Guirado, le nouveau capitaine. On est tous passé à autre chose. On s’est remis en question chacun de notre côté. On a eu la chance de pouvoir évacuer ça en pouvant jouer des matches de championnat dès la semaine suivante. Pour la plupart des joueurs qui ont fait la Coupe du monde, les clubs avaient besoin de nous quand on est rentré donc on n’avait pas trop le temps de se poser des questions par rapport à ce qui s’est passé. Il faut savoir en prendre compte, en tirer la meilleure quintessence (sic) et surtout basculer sur l’avenir car il n’y a que lui qui vous fait avancer. » Evacuer au plus vite pour rebondir au plus tôt. La méthode sied à Novès. « Quand on est coach depuis des années dans un club, comme moi, on a souvent connu de belles victoires mais aussi de grosses défaites, raconte le sélectionneur français. J’ai déjà vécu le traumatisme d’une grosse défaite. On sait ce que peuvent penser les joueurs. Ils attendent qu’on leur trace le futur chemin. On est là pour les guider. »
« Tous les sportifs de la planète ont vécu des moments tragiques »
Avec dans les mots l’optimisme nécessaire au renouveau. « Le rôle d’un coach, c’est de leur dire : ‘‘Vous êtes meilleurs que ça, vous pouvez mieux faire et vous l’avez déjà fait, il suffit de retrouver la bonne route’’, explique l’ancien manager du Stade Toulousain. Notre rôle, avec le staff, est de leur redonner l’espoir. Qu’ils ne ressassent pas en permanence ce mauvais moment car tous les sportifs de la planète ont vécu des moments tragiques. Même la Nouvelle-Zélande quand les Blacks ont perdu contre la France en phase finale de Coupe du monde. Les Français ont aussi le droit, comme les autres, de vivre des moments tragiques. Mais c’est une histoire ancienne et on se tourne vers l’avenir. »
Il passe par les performances sur le terrain. « Est-ce que les résultats de l’équipe de France ces dernières années nous procurent un avantage en début de mandat ? Si c’est un peu mieux, on dira : ‘‘C’est presque normal, il part de loin’’, annonce le sélectionneur. Et si c’est moins bien, on dira : ‘‘Il est aussi bête que ce qui s’est passé avant’’. On va essayer de ne pas penser à ça et de faire ce qu’on fait d’habitude : se concentrer sur notre travail et essayer de régler chaque détail si on peut le faire. Et on fera le bilan à la fin. On a évidemment envie de donner un espoir nouveau au rugby français. On veut essayer de montrer qu’on peut être très fier de nos joueurs. C’est un moment de vérité pour eux. Mais il ne nous fait pas peur. On l’aborde avec encore plus de concentration. »