
XV de France : Michalak a ses gardes du corps

Frédéric Michalak - -
L’Italie (23-18). Le pays de Galles (6-16). L’Angleterre (23-13). Et depuis samedi dernier l’Irlande (13-13). Trois défaites et un nul pour le XV de France dans ce Tournoi des VI Nations et à chaque lendemain, le même nom jeté en pâture, celui de Frédéric Michalak. Une fois encore, les journaux étrangers s’en sont donnés à cœur joie après le score de parité arraché par les Bleus sur la pelouse de l’Aviva Stadium. Les Irlandais tireront les premiers. « A la mi-temps, personne ne s’attendait à le revoir sur le terrain, mais Philippe Saint-André persiste. Qu’a-t-il vu qui nous aurait échappé ? » s’interrogeait le Sunday Telegraph après avoir sanctionné le Toulonnais d’un 4.
« Philippe Saint-André a fait une énorme erreur en titularisant Michalak, il s’est rattrapé en lançant ses bons remplaçants » jugeait, lui, le Le Sunday Independant. Les ultimes couches, ce sont les Anglais qui viendront eux-mêmes la déposer. « Saint-André défie l’évidence, tonne Clive Woodward, le sélectionneur des Anglais champions du monde en 2003. Il persiste à croire en Michalak. Ce choix pourrait le conduire à sa perte. Suis-je le seul à dresser un parallèle avec la situation actuelle des Français et la demi-finale de 2003 ? » « Michalak est un joueur talentueux et un coureur naturel mais pas quelqu’un à qui vous demanderiez de mener une guerre » lâche l’ex-talonneur international Brian Moore.
Kayser : « C’est n’importe quoi »
L’intéressé, lui, a préféré esquiver le débat, jouant la carte de l’humour. « Les journalistes anglais ? Je les embrasse très fort et je leur dis à bientôt ! » Mais au sein du XV de France, le sujet ne fait pas rire. Mais alors pas du tout. « Mettre le poids de toutes les défaites sur Michalak, je trouve que c’est n’importe quoi, s’étrangle Benjamin Kayser. J’ai même entendu Clive Woodward dire ‘‘s’il s’entête à prendre Michalak, ils vont tout droit vers le fond’’. C’est quand même hallucinant de mettre toutes les défaites sur un mec. » « Chacun s’occupe de son équipe nationale, poursuit Vincent Clerc. Je le respecte (ndlr, Clive Woodward), chacun pense ce qu’il veut. Il a été un grand entraîneur mais il y en a aussi beaucoup qui se trompent à certains moments, surtout quand ils ont un regard très extérieur. Je ne crois pas que cela soit lié à Michalak en tant que personne. »
On l’aura compris : l’ouvreur ou demi de mêlée du RCT paie au prix fort l’aura de son poste. « Le grand public s’en prend à celui qu’il connait le mieux », estime l’entraineur du Racing-Métro, Gonzalo Quesada. « C’est un mec archi-talentueux à un poste archi-important, renchérit Kayser. C’est pour ça qu’il est souvent ‘‘sabré’’. Maintenant, il a les épaules suffisamment costaudes pour supporter cela. » Philippe Saint-André doit le penser également. Soutien indéfectible du Toulonnais, le sélectionneur compte sur lui et envisage de le titulariser contre l’Ecosse. Histoire de lui offrir une nouvelle opportunité de faire taire les Anglo-Saxons.