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XV de France : Nyanga, pour l’amour du maillot

Yannick Nyanga

Yannick Nyanga - -

Ses larmes pendant la Marseillaise samedi, à quelques instants du match contre l’Australie (33-6), valent à Yannick Nyanga une étiquette de fervent patriote. Le troisième ligne du Stade Toulousain pensait surtout aux épreuves traversées.

Deux larmes qui descendent sur la joue gauche. Les mêmes sur la joue droite. Les yeux qui se ferment. Et la tête qui se baisse puis se relève. La Marseillaise résonne dans le Stade de France. A ses côtés, les costauds du XV de France chantent à pleine voix. Yannick Nyanga, lui, est submergé par l’émotion. La caméra vient sur lui, s’éloigne, puis revient. L’image sera vue en direct par environ 5 millions de téléspectateurs. Vue et revue par quelques milliers d’autres sur la toile. Le troisième ligne du XV de France et du Stade Toulousain devient pour certains un exemple de patriotisme, touché au cœur par l’hymne national. « C’est exceptionnel de jouer pour l’équipe de France », dit le héros populaire. Mais en cette veille de 11 novembre, Yannick Nyanga ne pensait pas aux tombés pour la patrie.

C’est le long chemin qu’il venait d’emprunter qui l’a fait craquer. Sa dernière sélection en équipe de France remontait au 19 octobre 2007. Cinq ans d’absence et des périodes dures. Une grave blessure, le 17 octobre 2009, rupture du tendon rotulien du genou droit. Des mois de rééducation. Le retour au plus haut niveau avec Toulouse mais à chaque fois, le maillot bleu qui se refuse à lui. « C’était une journée forte en émotions, explique Yannick Nyanga une soixantaine d’heures plus tard. Quand on travaille d’arrache-pied, qu’on se fixe des objectifs, le fait de les atteindre parait parfois irréel. » Et bouleversant. « Les hymnes, c’est le moment le plus fort. J’ai senti que ce n’était pas loin. Je me suis dit : ‘‘lâche-toi et derrière, tu te reconcentres’’. Il fallait que ça sorte. Tout de suite après, c’était terminé. »

« L’équipe de France, quelque chose de magique »

Pour lui. Pas pour une partie du public, marquée par ces larmes. « C’est anecdotique, estime-t-il. J’ai vu que tout le monde avait un peu monté ça en épingle. C’est un moment personnel très fort mais il ne faut pas vouloir expliquer ce qui n’est pas explicable. » Et encore moins accorder à Yannick Nyanga le droit de comparer sa propre émotion avec la façon dont certains autres internationaux, dans d’autres sports, vivent la Marseillaise. « Je n’aime pas ça. Il ne faut pas diviser. Ça ne sert à rien. Il faut rassembler. Je pense que samedi, tout le monde était rassemblé autour de ce maillot bleu. L’équipe de France de foot, on a beau dire tout ce qu’on veut mais pour le dernier match contre l’Espagne (1-1), j’étais devant ma télé et quand Giroud a marqué à la dernière minute, j’ai sauté sur mon canapé ! »

Français né il y a près de 29 ans à Kinshasa (République démocratique du Congo), Yannick Nyanga déplore les questions que certains posent sur le sentiment national des appelés du sport. « Ce sont des débats qui n’ont pas lieu d’être. On aime tous notre pays. Sinon, on ne viendrait pas, on prendrait notre retraite internationale. Les joueurs qui viennent en équipe de France sont tous contents et très fiers. Il ne faut retenir que ça. » Et lui n’oubliera jamais l’amour du maillot. « Ça a quelque chose de magique. Je ne sais pas si, dans ma vie d’homme, je ferai beaucoup de choses qui me donneront autant de sensations que de représenter son pays. Jouer au rugby, c’est ce que je fais de mieux. C’est ma passion. Avoir la chance de représenter ton pays et par la même occasion, tes proches et tous ceux que tu aimes, je ne sais pas s’il y a plus fort au niveau émotionnel. » Et des fois, ça déborde…

LP avec LD