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XV de France – Parra : ''Tout le monde ne vit que pour ça''

Morgan Parra va vivre sa deuxième Coupe du monde.

Morgan Parra va vivre sa deuxième Coupe du monde. - AFP

À l’approche de la Coupe du Monde de rugby (18 septembre – 31 octobre), RMC Sport vous propose une série d’entretiens avec les joueurs cadres du XV de France. Troisième épisode, ce mercredi, avec le demi de mêlée clermontois, Morgan Parra, qui, à 26 ans, va vivre son deuxième Mondial.

Morgan, que représente pour vous le maillot bleu ?

Tout simplement une grande fierté. On sait ce qu’il représente, on sait qu’il a été porté par de grands joueurs, de grands noms, et ce qu’a véhiculé ce maillot dans les années passées, ce qu’il a procuré comme émotions dans les grandes compétitions. On sait que pour les ancêtres qui l’ont porté, c’est une chose énorme et c’est une sorte de passage de témoin. Inconsciemment, même si on n’est pas de cette génération, on pense à la guerre, aux gens qui se sont battus pour la France, pour ces couleurs bleu-blanc-rouge. Avec la Marseillaise, c’est un tout qui fait que quand tu le portes c’est une grande fierté.

Quel est votre premier souvenir de Coupe du monde ?

1999, quand l’équipe de France bat les All Blacks. C’est le plus gros moment. Je me souviens de l’essai de Dominici, un peu de tout. Je me rappelle que j’étais dans mon club formateur de Metz, au stade, tout le monde était réuni en famille pour soutenir l’équipe de France sur un écran géant. C’était quelque chose de fabuleux, et ça reste un souvenir énorme parce que c’était un grand match et un exploit énorme de battre les Blacks.

Et votre souvenir le plus fort en Coupe du monde ?

Nous en 2011. Avoir vécu cette Coupe du monde avec des hauts et des bas avec des moments parfois très difficiles, que ce soit au sein du groupe, des moments de doutes complets, et puis s‘en sortir et atteindre la finale en étant à deux doigts d’aller au bout. Sur une compétition, je n’ai jamais vécu un truc aussi intense. Ce qui est très fort, c’est cette préparation qui est longue, difficile, psychologiquement pesante aussi, mais après il y a cette libération de jouer les matches et de vivre cette compétition qu’est la Coupe du monde pendant un mois et demi. Tout le monde ne vit que pour ça, tu te rends compte que c’est l’événement numéro un du rugby. I

« A nous de faire le nécessaire pour que les gens croient en nous »

Quel est le joueur qui vous a le plus marqué dans l’histoire de la Coupe du monde ?

Je pense que, comme beaucoup, c’est Wilkinson. Parce que c’est un joueur qui a vécu énormément de matches avec le XV de la Rose mais qui a aussi fait basculer beaucoup de matches en faveur de l’Angleterre, et notamment en 2003 où ils sont champions du monde.

En 2011, s’il n’y avait qu’un seul souvenir, ce serait lequel ?

Il y en a tellement… Je n’ai jamais été quelqu’un qui se base sur un événement ou qui arrive à sortir un moment extraordinaire. Il y a même eu des moments compliqués où c’était très difficile mais ça restera quand même des souvenirs monstrueux parce que d’avoir vécu ce genre de moments très forts crée beaucoup de respect entre les mecs qui sont partis ensemble en Coupe du monde, pour vivre cette aventure.

Est-ce que vous vous sentez soutenus par les supporters ?

C’est compliqué de dire qu’on est soutenu. Mais c’est compréhensible aussi, aujourd’hui on a du mal à gagner. On sort de ces quatre dernières années avec beaucoup d’interrogations et peu de certitudes, mais on va tout faire pour faire une grosse préparation et être prêt le jour J quand ça va attaquer. Mais on sait que si les résultats sont là en poules, on sera soutenus. C’est l’exemple de 2011. Au début, personne ne croyait en nous et plus ça avançait plus le monde était derrière nous. Donc c’est à nous de faire le nécessaire pour que les gens croient en nous.

« On ne peut pas tous s’aimer, c’est impossible »

C’est quoi la clé de la réussite pour vivre quatre mois tous ensemble ?

Il faut se respecter les uns les autres. Il faut avoir la vie qu’on a d’habitude tout au long de l’année chez nous dans notre chambre. Mais dans les parties collectives, chez le kiné, dans la salle de vie, dans la salle vidéo, il faut avoir un respect maximum pour vivre ensemble. C’est-à-dire faire attention à ne rien laisser traîner pour avoir une envie d’être bien ensemble. On sait tous qu’aujourd’hui on ne peut pas tous être les meilleurs amis du monde, mais en même temps dans les équipes qui ont été championnes du monde, les joueurs n’étaient pas les meilleurs amis du monde. On ne peut pas plaire à tout le monde, on ne peut pas tous s’aimer, c’est impossible. Il faut juste un respect pour vivre ensemble. Après il y aura plus d’affinités avec certains qu’avec d’autres mais il faut que tout le monde ait le même objectif et tire dans le même sens.

Ce serait quoi un échec à la Coupe du monde ?

L’échec ce serait de ne pas sortir des poules. Ce serait la première équipe de France à le faire je crois. Maintenant, personne ne nous attend, donc c’est peut-être pas plus mal, on travaille dans notre coin et on va y aller sans se poser de questions en ayant tout à y gagner.

Et au contraire, si vous aviez des arguments à nous donner pour nous convaincre que la France va être championne du monde…

Il y en a plein. La qualité de nos joueurs, l’envie, la détermination qu’on peut mettre sur ces gros rendez-vous par moment, et qu’on ne peut pas mettre tout au long de l’année.

En quoi cela peut vous servir d’avoir déjà vécu 2011 ?

D’être dans une même situation. De ne pas s’affoler, d’avoir vécu ça, de me dire que c’est une compétition énorme et que j’ai de la chance de la revivre. On est passé tout près d’être champions du monde en 2011 et là on n’a qu’une envie, c’est d’être champions du monde. Cette expérience va peut-être aussi me servir à avoir moins d’appréhension et de prendre plus de plaisir. J’avais quatre ans de moins donc j’étais un peu stressé, j’avais peur de mal faire. Là, j’ai moins d’appréhension mais autant d’envie.

W.T