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XV de France : pourquoi le maillot résiste aux sponsors

Morgan Parra

Morgan Parra - -

Aucune marque ne figure sur le maillot du XV de France. Une exception très française après l’arrivée d’AIG sur la légendaire tenue des All Blacks. Le président de la FFR, Pierre Camou, en fait une question d’honneur.

La FFR tient à son maillot immaculé. Tels d’irréductibles Gaulois, les joueurs du XV de France arborent à ce jour un équipement qui se refuse toujours aux annonceurs. L’exception est d’autant plus française que la fédération néo-zélandaise a franchi le Rubicon. Depuis le mois d’octobre, le célèbre maillot des All Blacks est flanqué du logo d’AIG, le géant américain de l’assurance, qui sponsorisait aussi Manchester United, autre légende, jusqu’en 2010. A l’instar du Barça qui a accepté en 2010 de faire figurer la Qatar Foundation sur la tunique blaugrana, brisant une tradition vieille de 111 ans, la fougère a fini par plier.

Un virage pris en échange de 3 M€ pour les Kiwis, contre 8 M€ donnés à la Fédération anglaise par O2, leader britannique en téléphonie mobile. Confronté à un déficit chronique, la NZRU court après l’argent frais. En France, la FFR exige 5 M€ annuels de ses partenaires pour le XV de France. A la différence que les cinq top sponsors (adidas qui vient de remplacer Nike, Renault, GMF, Société Générale, Orange) ne sont pas présents sur le maillot... « C’est une fierté de ne pas avoir de données commerciales, on est les derniers et sous la présidence Camou, on aura du mal à avoir une enseigne sur le maillot », se félicite Bernard Godet, vice-président de la FFR, chargé du marketing.

Camou opposé à la vente du maillot

Concrètement, pour que le maillot des Bleus soit vendu, il faudrait que la FFR revoit la nature de ses contrats ou bien trouve un nouveau partenaire qui accepterait de signer un énorme chèque. A la tête de la Fédération, on se refuse à pareil scénario. « La FFR n’est pas dans une situation financière qui justifie de vendre son âme », déclare Godet. Un crédo que n’entend pas Pascal Perri, expert en économie du sport. « Le rugby a besoin de marques internationales pour se mondialiser, il doit jouer le jeu du marché. » Le spécialiste regrette aussi que le rugby français « se prive de revenus complémentaires ». Valeurs contre valeur. L’heure n’est pas encore venue pour qu’une banque ou un constructeur automobile s’installe sur le maillot frappé du coq gaulois. A moins que Camou ne soit pas réélu le 8 décembre prochain…

Louis Chenaille (avec L.D.)