
XV de France : pourquoi Novès est encore le meilleur
Cette fois, c’est la bonne. Vieille chimère du rugby français, la nomination de Guy Novès au poste de sélectionneur du XV de France devient réalité ce dimanche. A 61 ans, et après 40 années passées au Stade Toulousain dont 22 comme entraîneur puis manager, l’homme aux dix Boucliers de Brennus et aux quatre Coupes d’Europe va être installé aux commandes de la sélection nationale pour prendre la suite de Philippe Saint-André à l’issue de la Coupe du monde. Quatre ans après avoir refusé la proposition de Pierre Camou, président de la Fédération française, qui souhaitait alors en faire le successeur de Marc Lièvremont, Guy Novès accepte un défi taillé à sa mesure : ce qui se fait de mieux dans le rugby hexagonal.
« Il a tellement d’expérience, vécu tant de situations, il a un tel charisme, une telle crédibilité aussi, énumère Emile Ntamack, ancien ailier du Stade Toulousain et ancien entraîneur des trois-quarts du XV de France sous les ordres de Lièvremont. Sa présence et sa posture font que son écoute va être doublée, que l’attention qu’on va lui prêter va forcément être décuplée. C’est un personnage qui a vécu des événements européens, nationaux, et qui a su évoluer, s’adapter. Cette multiplicité d’expérience fera qu’il saura trouver les arguments pour faire avancer les choses. » Le vécu en bandoulière. Et bien d’autres qualités avec lui.
« Si tu as raté trois-quatre plaquages, il va te demander combien tu vas en manquer le week-end prochain… »
La crédibilité, d’abord. « Il en a énormément auprès du rugby français, rappelle Yannick Jauzion, ancien trois-quarts centre du Stade Toulousain. Les joueurs seront à l’écoute sans arrière-pensée. C’est un peu le secret de la réussite : il ne faut pas perdre cette crédibilité. Avec Guy, il n’y a pas de souci. » La qualité du message, ensuite. « Il n’a pas appris le rugby dans les livres, lance Jauzion. Il le vit et on sent que la façon dont il fait passer un message est innée. Il a ça en lui et surtout, il sait le transmettre. En 11 ans à Toulouse, je ne me suis jamais lassé de ses discours d’avant-match. Il a cette faculté à dire la même chose différemment, sur l’intonation et les mots employés. Ce sera efficace avec les joueurs de l’équipe de France. »
Un cocktail au goût encore rehaussé par les qualités de manager du bonhomme. Qui n’hésite pas à appuyer là où ça fait mal pour créer l’électrochoc. « Il sait te piquer, précise David Skrela, ancien demi d’ouverture du Stade Toulousain. Si tu as raté trois-quatre plaquages le week-end, tous les matins suivants, il va te demander combien tu vas en manquer le week-end prochain… Ça te met déjà dans le match. Quand tu es compétiteur, tu as envie de lui montrer que tu ne vas pas rater ce match-là. C’est une somme de petites choses qui font que tous les joueurs sont à 100% le jour J. »
Reste à savoir si la méthode Novès sera transposable du quotidien d’un club à celui moins régulier d’une sélection. « C’est encore autre chose mais c’est un caméléon, insiste Ntamack. Je ne suis pas inquiet sur sa capacité à trouver aussi des ressources, à se remettre en question comme il l’a toujours fait sur chaque saison. » Sans rogner sur sa liberté de parole, même au poste le plus exposé du rugby tricolore. « Il n’a jamais changé et il ne changera pas, confirme Ntamack. On prend Guy en entier ou on ne le prend pas. C’est une forte personnalité mais aussi une personne qui sait s’adapter, s’ouvrir aux autres. Il saura largement remplir ce rôle. » Y a plus qu’à, comme on dit.