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XV de France : tout ce qu’il faut savoir sur les joueurs étrangers

Rory Kockott (Castres)

Rory Kockott (Castres) - AFP

Le Sud-Africain Rory Kockott et le Néo-Zélandais Uini Atonio ont été appelés pour un stage de préparation en vue des tests de novembre du… XV de France. Un recours aux joueurs étrangers loin d’être inédit dans le rugby tricolore et qui pourrait même être encore plus utilisé. Etat des lieux.

Une règle moins souple que prévue

Dans sa volonté d’intégrer plusieurs joueurs d’origine étrangère, le staff du XV de France a un atout de moins dans sa poche. Si pour être naturalisé, un sportif ne doit justifier que deux ans de résidence en France, au lieu des cinq habituels, pour « un parcours exceptionnel d'intégration (activités ou actions accomplies dans les domaines civique, scientifique, économique, culturel ou sportif) », le chemin aurait même pu être encore simplifié. En effet, un rugbyman étranger possédant un passeport français et n’ayant pas joué pour une autre fédération dans les 18 mois précédents pouvait être sélectionné en équipe de France de rugby à VII. Et une sélection à VII suffisait à devenir sélectionnable à XV. Mais l’IRB (International Rugby Board) va durcir cette règle afin d’éviter les dérives. Ce qui compromet la sélection en Bleu de plusieurs joueurs ciblés par Philippe Saint-André et son staff.

Dix joueurs visés et plusieurs précédents

Dans sa liste de 74 joueurs « protégés » (qui disputeront un maximum de 30 matches cette saison, hors phases finales), Philippe Saint-André a récemment intégré dix jours étrangers. Deux (Uini Atonio et Rory Kockott) ont déjà été convoqués pour un stage qui débutera ce dimanche à Marcoussis. Les huit autres postulants sont : François van der Merwe, Steffon Armitage, Alex Tulou, Brock James, Blair Connor, Noa Nakaitaci, David Smith et Scott Spedding. S’ils fêtent un jour leur première cape en Bleu, ils ne seront pas les premiers étrangers à être appelés « sous les drapeaux » du XV de France. Plus d’une dizaine de joueurs nés hors du territoire français ont porté le maillot frappé du coq, à l’image d’Abdelatif Benazzi, Tony Marsh, Pieter de Villiers ou plus récemment Bernard Le Roux et Antonie Claassen.

Le staff et la FFR droits dans leurs bottes

Pour le staff du XV de France, le recours à ces « non-Français potentiellement sélectionnables » se justifie sportivement par rapport à des manques récurrents à certains postes, comme celui de buteur ou de pilier droit. Rory Kockott et Uini Atonio sont donc, par exemple, censés combler les manques à ces deux postes. Pour Didier Retière, membre de la DTN et du comité de suivi mis en place autour de Serge Blanco afin d’épauler Philippe Saint-André, ces recours sont justifiables sportivement et au niveau éthique. « Je crois qu’il y a plein de façons d’être Français. Nous, on sait que dans la formation fédérale, parfois les plus grandes leçons patriotiques nous ont été données par des joueurs qui n’avaient pas de passeport français, explique-t-il. Les gens qui sont impliqués dans les clubs amateurs français, qui ont vécu cette culture-là, qui sont rentrés dans cette dynamique-là, pour moi ils sont des joueurs potentiellement sélectionnables en équipe de France. Et le débat s’arrête juste là. »

Le milieu presque unanime

Habitué de longue date à intégrer des étrangers au sein du XV de France, le rugby tricolore voit plutôt d’un bon œil la possible arrivée de cette « nouvelle vague ». Si Stéphane Glas, entraîneur-adjoint de Montpellier, s’avoue « surpris » et « étonné » par cette pratique, le reste du milieu rugbystique est quasi-unanime. « Je n’y vois pas de problème majeur », estime Raphaël Ibanez, l’ancien capitaine des Bleus. « Bienvenue dans le monde d’aujourd’hui », lance un Mourad Boudjellal d’habitude très critique envers les décisions de la FFR. « Les Blacks utilisent les Samoans, les Tongiens et les Fidjiens depuis longtemps », souligne Denis Charvet. Mais pour Vincent Moscato, autre membre de la Dream Team RMC Sport, cela n’a pas que du positif : « Ça me gonfle, ces histoires de joueurs étrangers. Un ou deux, c’était raisonnable mais encore une fois, on va tomber dans l’excès. On a des millions de licenciés et on n’arrive pas depuis vingt ans à trouver un ouvreur ou un pilier droit. » 

la rédaction