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XV de France: à un mois du Mondial, Thibaud Flament raconte "l'excitation" chez les Bleus

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Laissé comme d’autres cadres à Marcoussis pour peaufiner sa préparation pendant que ses coéquipiers affrontaient les Ecossais à Edimbourg, le 2e ligne toulousain Thibaud Flament devrait reprendre du service samedi à Saint-Etienne. S’il a hâte d’en découdre et même de débuter la compétition, avant, il a parlé à RMC Sport de cette dure préparation, de la liste des 33 qui allait tomber et du match d’ouverture face aux All Blacks, déjà dans sa tête.

Thibaud, vous côtoyez les Bleus depuis 2021. Est-ce que cette préparation à un goût différent, comme avant une tournée, ou un Tournoi des VI Nations, avec la Coupe du monde au bout ?

Oui, elle a un goût différent. On sait qu'on se prépare un peu pour la plus grosse échéance depuis quatre ans. Voilà, on en est tous conscients et je pense le travail qu'on a fait jusqu'à présent mène à cette compétition. Donc oui, il y a une saveur différente.

Est-ce qu’on se laisse pour le moment porter par les semaines, l’agenda des entraînements, maintenant des matchs amicaux, ou cette compétition est là, dans vos têtes, comme une obsession ?

On le garde toujours un peu en fil rouge. On l'a toujours un peu en tête. Ça permet aussi de voir la prépa un peu comme ça. Ça donne du sens aussi à toute cette prépa qu'on a fait : quand c'était dur, quand on faisait du physique et qu'on était dans des moments un peu compliqués. Voilà, ça, ça donne du sens à ce qu'on a fait et ça nous aide à avancer. Donc on le garde bien en tête pour avancer.

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Le mot obsession, c’est une réalité ? Ou c’est moindre ?

Oui. Après, il faut trouver le bon équilibre entre être bien concentré sans non plus être obnubilé et ne penser qu'à ça. Mais on essaie d'être dans le vrai, de "switcher" quand il le faut, concentré quand il le faut, de bien se préparer, de bien s'entraîner quand on a besoin de bien le faire et après sur des moments, de bien se détendre et de bien couper pour régénérer. Être frais mentalement aussi, ça c'est important aussi. Donc on va essayer de trouver le bon équilibre. Mais c'est sûr que tout ce qu'on fait a pour but d'arriver le plus prêts possible pour le début de la compétition.

La préparation physique a été très dure. Comme jamais ?

Oui, c'était intense. On a fait un gros mois de de prépa. On a été dans le dur quand il faisait chaud, à Monaco notamment. C'était compliqué, on faisait les entraînements à 15h, quand ça tapait bien. On faisait des gros entraînements cardio et on enchaînait les séances de rugby après. Donc c'est compliqué, en plus, de rester concentré et d'essayer d'être juste et propre techniquement, vraiment sous fatigue. On a vraiment été dans le rouge, dans le dur. Et après, à Marcoussis, on a aussi continué à faire du physique et, même chose, à essayer d'enchaîner sur les séances de rugby. Voilà, on a on a bien bossé et il y a encore du boulot, mais on a fait un bon premier bloc. En tout cas, la préparation physique a été très dure.

Quelle est la place de Thibault Giroud et de son staff, dans votre réussite ?

Bah, elle est essentielle. C'est vrai que quand on se sent bien au niveau de la prépa, on se sent bien après sur le sur le terrain. Je pense depuis le début du mandat, il fait, enfin lui et tout son staff, font un super boulot. Donc à chaque fois, on se sent bien, on se sent frais. Ils arrivent à adapter quand il le faut. Ils nous expliquent aussi bien pourquoi on fait les choses et pourquoi on ne les fait pas. Tout est toujours clair donc ouais, pour ça, ils ont une place importante dans la réussite.

"Thibault Giroud est dur, mais franchement bonnard"

Thibault Giroud est dur avec vous ?

Oui il est dur. Il est dur mais il est aussi proche de nous. Donc on a on a tous un très bon lien avec lui. Ça se passe super bien.

C’est une sorte de syndrome de Stockholm avec lui ? Comme lorsque des otages se rapprochent avec leurs ravisseurs…

Ouais (il sourit). Mais après, comme j'ai dit, on a un super lien avec lui. Il est franchement bonnard. Et donc on est content de bosser avec lui et ça se passe très bien.

Peut-on dire que ça façonne le groupe ?

Oui, ça façonne le groupe. C'est vrai qu'on est passé par un gros mois de de prépa, on a été dans le dur tous ensemble et puis voilà, on est resté solidaires et on s'y est filé. Et ça, ça fait qu'on est bien là.

Y a-t-il une pression qui monte avant cette liste des 33 ?

Disons qu’on sent que la date se rapproche. Les matchs amicaux démarrent, donc il y a des cartes à jouer. Ça va aller vite, on le sait. Il y a cette liste qui va tomber bientôt, on l'a un peu en tête.

Même quand on est un cadre de l’équipe de France comme vous, il y a un certain stress ?

Tout peut aller très vite, tout le temps. Ça va très vite dans les deux sens : ça peut monter très vite, redescendre très vite. Donc personnellement, j'essaie de de profiter le plus possible, de m'envoyer et d'essayer de rester plus possible !

"Les Néo-Zélandais sont de vrais guerriers"

Quand vous pensez au match d’ouverture face à la Nouvelle-Zélande, que vous dites-vous ? Magnifique ? Dangereux ?

Moi je dirais que c'est excitant. C'est un gros défi, d'entrée au Stade de France. Match d'ouverture de la Coupe du monde, la Nouvelle-Zélande, le Haka… enfin bon, c'est excitant quoi. C'est des matchs qu'on a qu'on a envie de jouer. Moi, je me souviens que lorsqu’on avait joué la Nouvelle-Zélande, d'être en face du Haka, ça m'avait vraiment boosté. Je me souviens, on était tous serrés… c'était vraiment un moment spécial. Donc ouais, de les retrouver, en plus ils sont en forme en ce moment, ça va être un gros match. Et franchement, on est excités.

Quel souvenir avez-vous de votre victoire en novembre 2021 ?

Oui mais la Nouvelle-Zélande, quand les quand on les a joués, c'est vrai qu'ils étaient en fin de saison. Donc peut-être qu’ils n’étaient pas au top. Ils étaient un peu dans le dur à ce moment-là. Après ce sont de vrais guerriers. Sur l'intensité, le combat, ils n’ont pas triché. Ils se sont envoyés. Ça jouait vite. Et puis là, du coup, ils ont une équipe qui est vraiment très en forme en ce moment. Une équipe très, très dangereuse. Mais après, on est prêt aussi.

On remarque leur technique individuelle au-dessus de la moyenne pendant un match ?

C'est sûr qu'on voit que c'est des mecs qui travaillent beaucoup les skills. Ils sont très à l'aise avec le ballon. Et dernièrement, on voyait encore Scott Barrett en 2e ligne qui faisait des off loads, des crochets… Ce sont des joueurs qui sont surprenants et qui qui peuvent faire la différence.

Et vos adversaires, que disent-ils de vous, à votre avis ?

Et bien, je pense qu'ils se disent qu'on a l'avantage, du fait que la Coupe du monde soit ici, en France. Je pense qu'ils doivent se dire aussi qu'on est en forme. Que ça fait deux, trois ans quand même qu'on est pas mal. Donc ouais, je pense qu'ils doivent aussi nous préparer aussi sérieusement que nous on les prépare.

Propos recueillis par Wilfried Templier