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Amodio : « Je m’étais égaré »

Florent Amodio

Florent Amodio - -

Le Français, sacré champion d’Europe l’hiver dernier, est retombé de son petit nuage. Après avoir profité de sa nouvelle vie et même pensé mettre un terme à sa carrière, il a redéfini ses priorités. A 21 ans, il est désormais pleinement concentré sur le sportif.

Florent, avez-vous digéré l’année 2011 et votre titre de champion d’Europe ?

Avec ce titre, j’ai découvert un nouveau monde, qui est extraordinaire, mais qui m’a un peu éloigné de la base. Je me suis un petit peu perdu. Je n’étais pas largué mais j’avais un petit train de retard alors que j’avais 10 000m d’avance avant. J’en ai profité. Si c’était à refaire, je le referais. Mais là, je me suis retrouvé, dans le sens où c’est entraînement, entraînement, entraînement. Je me fais plaisir sur la glace. J’ai des programmes qui me correspondent à fond. Tout est redevenu super bien construit autour de moi. Et en même temps, j’ai un autre regard sur tout ce que je peux faire. J’ai retrouvé le Florent d’avant. Là, je pars à Moscou, ça va être une autre paire de manches. Ça monte crescendo. Mais dans ma tête, mon cœur, mon corps, c’est le top.

Avez-vous douté ?

Ça fait 16 ans que je fais du patinage. Pour moi, j’ai touché mon but en ayant ce titre, en ayant gagné de l’argent, en ayant rendu heureux toute ma famille et mes proches. J’ai réalisé quelques rêves. Je suis né au Brésil, j’ai été adopté. J’ai eu des expériences extraordinaires, avec par exemple des galas dans des stades de 20 000 personnes où c’est la furie, où on a l’impression d’être une star de cinéma. Je ne dirais pas que j’ai fait le tour… mais j’ai vu plein de choses, j’ai commencé par les Jeux Olympiques. Je me posais des questions, « à quoi bon continuer ? ». J’ai eu des moments de doute, où ça n’allait pas bien. Maintenant, on avance. J’ai fait le point sur ce que je veux dans la vie. Et ça passe par le patinage. C’est ma vie. C’est moi. C’est reparti dans un cycle de vie normale d’un patineur de haut-niveau.

« Etre un champion qui dure dans le temps »

Pourquoi avez-vous pensé arrêter votre carrière ?

J’étais si heureux. C’était limite « tu as déjà fait tout ça, c’est extraordinaire, tu ne vas pas prendre le risque d’aller te planter alors que tu es au top ». Je sais que je ne suis pas au top. Il me reste à avoir une médaille mondiale et une médaille olympique. Pour moi, tout ce qui s’était passé, c’était grandiose. J’avais peur de risquer une chute, une contre-performance, alors que les gens avaient gardé cette image géniale de moi. J’ai de nouveaux objectifs. Ce sont des étapes à passer. Je suis heureux d’avoir franchi ce cap. Il y a trois mois, je me demandais si j’allais le franchir.

Le fait de retrouver la patinoire de Cergy, en parallèle à vos entraînements à Moscou, vous aide-t-il ?

Pour moi, ici, c’est mythique. J’ai commencé là, à l’âge de trois ans et demi. Je suis allé aux JO avec mon staff d’ici. C’est ma patinoire, c’est chez moi. J’ai un appart à 100 m. C’est génial de revenir aux sources. Je m’étais égaré. J’ai 21 ans. Ce n’est pas une excuse, mais j’ai tellement découvert de trucs. J’avais envie d’aller ici ou là, de faire ceci ou cela. L’entraînement, ça passait à côté. C’est pour ça que j’admire les grands champions, qui peuvent gagner des millions, faire le tour de la Terre, être des stars énormes, mais pour eux, c’est entraînement, entraînement... Je suis revenu pour être un champion qui dure dans le temps. C’est mon rêve maintenant.