Biathlon : Jay n’avait plus la foi

Vincent Jay - -
« Nous sommes le 14 février 2010. Dans l’air de Vancouver monte le drapeau français… C’est cette image-là qu’il faut garder dans vos cœurs ». Le texte est signé Vincent Jay. Le souvenir décrit : celui de son titre olympique acquis il y a près de trois ans, à Vancouver, au Canada. Le sommet de sa carrière. Le pic de sa vie de sportif, son pic, celui qu’il n’a plus été en mesure de retrouver par la suite et qui, deux ans plus tard, l’amène à jeter l’éponge. Vincent Jay a mis, ce dimanche, un point final à son aventure de biathlète de haut niveau. A 27 ans.
Trop tôt diront certains, a d’ores et déjà anticipé l’intéressé, qui dans son communiqué, défend sa décision en assurant qu’il ne la « regrettera pas ». Et pour cause. La décision de Vincent Jay est mûrement réfléchie. Elle met fin à plusieurs mois de doute, d’interrogation. De semaines difficiles à tenter de rebondir, en vain, après un titre olympique. Sacré en 2010 sur l’épreuve du sprint 10 km, l’intéressé a voulu surfer sur cette consécration. 11e à l’issue de la Coupe du monde 2010. Puis 20e en 2011, 48e en 2012. Jay ne progresse pas.
« J’ai lâché prise »
Il rétrograde. Celui qui a débarqué sur le circuit de Coupe du monde en 2007 et glané son seul succès dans l’épreuve, le 11 mars 2009, au terme d’un sans-faute au tir (20/20), celui qui avait résisté aux Ole Einar Bjørndalen et Michael Greis pour arracher le bronze de la poursuite par équipes aux JO de Vancouver, veut s’accrocher. Retrouver les sommets. Sauf que le train de l’olympisme est déjà passé. Celui du succès également. Sa relation avec Marie-Laure Brunet, compagne du moment à Vancouver et elle aussi médaillée au Canada, a vécu. Un an après ces JO, Jay confie avoir beaucoup trop donné dans l’après-médaille. Il se remet au boulot durant l’été 2011 mais continue à trainer sa peine.
« Depuis trois ans, je travaille dur, plus dur peut-être que beaucoup de biathlètes du circuit mondial, raconte le Savoyard, natif de Saint-Martin-de-Belleville. Je me bats pour retrouver un niveau digne d’un champion olympique. Aujourd’hui, je me rends compte que ce n’est plus possible, que j’ai lâché prise. Bien sûr, j’aurais pu m’accrocher à la perspective de renouer le fil de mon histoire olympique à Sotchi. Mais je sais que sportivement, je suis trop loin du compte. » Alors, lassé par une progression qui se refuse à lui, Vincent Jay a préféré raccrocher, ôter de ses épaules le lourd poids de son statut de champion olympique et laisser ouverte sa succession. Pour ne garder ce qui ne pourra plus lui être enlevé : la médaille et l’ivresse d’une soirée de février, en 2010, du côté de Vancouver.