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Fourcade, argent mécontent

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La troisième titre olympique s’est refusé d’un millième de seconde à Martin Fourcade, battu à la photo-finish par son meilleur ennemi, Emil Svendsen. Le Français devra encore patienter avant d’espérer rejoindre Jean-Claude Killy dans la légende.

A couper le souffle ! Plus forts qu’Hitchcock et tous les as du suspense réunis, Emil Svendsen et Martin Fourcade ont offert à tous les amoureux transis de sport et de scénario à rebondissements, un moment de bravoure qui fera date. Un truc de dingue, même, au déroulé inouï et au final dément. Mais malheureusement, c’est le meilleur ennemi sur le circuit du Catalan, le Norvégien Emil Svendsen, qui a eu le dernier mot, la photo-finish ayant même été nécessaire pour départager les deux hommes séparés d'un minuscule millième de seconde.

Martin Fourcade devra donc encore patienter avant de devenir l’égal de Jean-Claude Killy, seul Français à avoir réalisé le triplé olympique au cours d’une même édition des JO d’hiver, en 1968 à Grenoble. Et pour cela, il lui reste encore deux cartouches avec les relais mixte et masculin. Mais le Français de 25 ans n’a pas tout perdu puisqu’il devient le sportif tricolore le plus médaillé en individuel de toute l’histoire des JO d’hiver, avec 4 médailles (2 or, 2 argent). Mais aussi le troisième Tricolore à décrocher trois médailles lors des mêmes JO d'hiver après les skieurs Jean-Claude Killy (3 médailles d’or en 1968) et Henri Oreiller (2 médailles d’or, 1 bronze en 1948).

La rage en bandoulière

Dommage, car l’histoire aurait été doublement belle vu la manière employée par le triple champion du monde qui semblait avoir forcé les portes du destin après s’être tiré, il faut l’avouer, ce qu’on croyait bien être une balle dans le pied dès la première séance de tir couché. Une faute d’emblée, 150 mètres de pénalité, une 22e place et un gouffre de 39 secondes à combler. La messe s’emblait être dite, ce mardi, pour le Français.

Mais le regard noir et la rage en bandoulière, Martin Fourcade refaisait son retard au fil des bornes, en appuyant comme un damné sur ses skis et en déployant une rage de vaincre à montrer dans tous les écoles. Trente-neuf secondes, donc, puis vingt-deux, puis douze, aux différents points de passage.

Comme un mort de faim

Après avoir rendu une copie parfaite aux trois autres pas de tirs, le cadet des Fourcade faisait la jonction à 3 kilomètres de l’arrivée. Une véritable fusée, que seuls Svendsen et Moravec parvenaient encore à suivre. Pas longtemps pour le Tchèque, qui sautait. Svendsen, lui, à la rue depuis le début de ces JO, n’a cette fois-ci pas laissé passer sa chance en portant une attaque féroce avant la dernière ligne droite.

Cinq mètres d'avance d'un seul coup de rein, on pensait l'affaire pliée. Mais même acculé, même diminué (il souffrait d'une sinusite et a failli ne pas prendre le départ), le Tricolore ne lâchait rien. Et se jetait sur la ligne tel un mort de faim dans le même dixième de seconde de Svendsen, finalement vainqueur au poteau pour 3 petits centimètres. Pour Martin Fourcade, le serial winner, c’est forcément de l’argent mécontent.

Le titre de l'encadré ici

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Fourcade incertain pour le relais

Après s’être interrogé, Martin Fourcade a finalement pris le départ de la mass-start malgré une sinusite. « Je sais pas où il va chercher des résultats pareils dans l’état où il était ce matin, raconte le chef d’équipe des Bleus, Stéphane Bouthiaux.  Toute la sphère ORL était prise. Il avait du mal à respirer, les yeux qui pleurent. Il était dans un sale état. Il a mal dormi, mais n’avait pas de fièvre. Après le petit déjeuner, il a décidé de courir. J’attends de voir demain dans quel état il va être (pour le relais mixte, ndlr), mais il a un peu puisé. Ses défenses immunitaires ne sont pas dans un état réjouissant. Il y a danger pour le relais. Je lui tire mon chapeau. C’est un monstre. »

G.Mathieu à Sotchi