Bjøerndalen refroidit Fourcade

Martin Fourcade - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Et une cartouche grillée pour Martin Fourcade. Engagé dans six épreuves de biathlon, Martin Fourcade a dévissé pour son entrée en lice dans le 10km sprint des Jeux Olympiques de Sotchi. On imaginait un ménage à trois entre le Français, et les Norvégiens Emil Hegle Svendsen et Ole Einar Bjøerndalen. C’était sans compter sur l'Autrichien Dominik Landertinger et le Tchèque Jaroslav Soukup, transcendés par l’échéance olympique qui décuple les forces et fait pousser des ailes. Conséquence : le quintuple champion du monde a non seulement raté d’entrée sa cible dorée, mais s’est surtout fait carrément éjecter du podium olympique par ces deux autres hommes en colère.
Parti comme une balle, le Français semblait dans le coup. Bien en jambes, le regard noir à son arrivée sur le premier pas de tir couché. Mais avec un tir raté, le cadet des Fourcade se compliquait la tache dans sa quête du Graal olympique, le seul qui manque encore à son immense palmarès. Et jamais, malgré une seconde série de tirs debout sans faute, il ne fut en mesure de refaire son retard sur ses adversaires. Pire, il voyait lui filer sous le nez deux autres flèches supplémentaires venues d’ailleurs, à savoir et le Russe Shipulin et le Canadien Le Guellec. Au final, Martin Fourcade termine à une décevante 6e place.
Bjoerndalen au sommet de l'Olympe
« Je fais pourtant une course pas mauvaise et je n’avais pas de mauvaises sensations, a analysé le Catalan à l’arrivée. La déception est au bout du fusil. Il me manque pas grand-chose. Mais le résultat est bizarre. Je connais tout le monde mais j’en n’attendais pas certains à ce niveau. J’ai pris un coup de marteau sur la tête. Je vais devoir analyser à froid pour voir ce qui n'a pas fonctionné. Je vais me remotiver à fond pour la poursuite de lundi. Ca va être un bon combat de boxe. Je vais essayer de mettre quelques droites, plus que j’en ai mises aujourd’hui. »
Pour cela, il faudra boxer dans la catégorie supérieure. Un peu à l’image d’Ole Einar Bjøerndalen qui courait depuis trois ans après une victoire individuelle, et qui a sorti une course époustouflante le Jour J. A 40 ans, la légende norvégienne du biathlon a mis tout le monde KO pour s’en aller cueillir la septième médaille d’or olympique de sa carrière. Sept plus 4 d’argent et 1 de bronze = 12. Le compte est bon ! Le Norvégien entre de plain-pied au Panthéon olympique en devenant l’athlète le plus médaillé de toute l’histoire des Jeux d’hiver, à égalité désormais avec son compatriote Björn Daehlie (8 or, 4 argent).
« Ce n’est pas un extra-terrestre, c’est un athlète hors norme, a souligné Vincent Defrasne, champion olympique 2006 de la poursuite au nez et à la barbe, justement, du mythe norvégien. Il est incroyable. Je manque de qualificatifs. » La France, elle, n’a pas de mots ce soir pour tenter d’analyser ce coup de froid qui a refroidi Martin Fourcade. Et tous les autres biathlètes du plateau. "Papy" Bjøerndalen fait plus que de la résistance. Il est en pleine renaissance.
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|||Bjøerndalen dans la légende
Pour bien mesurer l'ampleur du phénomène, ce samedi soir, Ole Einar Bjøerndalen est devenu dans l'histoire des Jeux Olympiques d'hiver l'équivalent de Michael Phelps dans celle des JO d'été. Déjà là en 1994, le quarantenaire bondissant décroche son premier or olympique à Nagano en 1998. Un début de règne qui le verra empocher onze autres métaux précieux, mais aussi 19 titres mondiaux (11 individuels), 25 Globes de cristal (6 Gros), 93 victoires en Coupe du monde. Un incoyable palmarès pour cet inoxydable champion.