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E. Fernandez : « C’est de l’incompétence »

Ewen Fernandez

Ewen Fernandez - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Censé pallier le forfait d’Alexis Contin, Ewen Fernandez ne pourra pas s’aligner sur le 10 000m (mardi) pour cause d’oubli du DTN Xavier Sendra de l’inscrire sur les listes olympiques. Dégoûté, le patineur de vitesse dénonce la légèreté de sa fédération.

Ewen, comment avez-vous appris la mauvaise nouvelle ?

De la bouche de mon coach néerlandais, qui s’est aperçu que je n’étais pas inscrit sur les listes. Selon lui, la fédération a oublié de m’inscrire sur une liste en janvier. Mais la FFSG (Fédération française des sports de glace) peut aussi avoir oublié ici à Sotchi. C’est surtout malheureux parce qu’on avait une place dans cette course. Je rentrais dans les critères de temps. Il n’y aura pas de Français. Je suis déçu. C’est lamentable que la fédération puisse oublier d’inscrire un athlète aux Jeux Olympiques.

Comment expliquez-vous cet oubli ?

C’est de la méconnaissance. Ils pensent connaitre notre sport mais en fait, ils n’y comprennent rien malgré ce qu’ils racontent. Avant ces Jeux, nous avons été obligés de tout leur expliquer, qu’il ne fallait pas oublier de m’inscrire en raison de l’état de santé d’Alexis (Contin). Et au bout du compte, ils ont oublié ! C’est de l’incompétence, au moins au niveau de notre discipline. Ils ne connaissent pas le sujet. J’espère que ce n’est pas un oubli volontaire. Je ne veux pas être mauvaise langue à ce point. Disons que c’est une bêtise humaine.

« Ils ne pensent qu'au patinage artistique »

Dans quel état d'esprit êtes-vous maintenant ?

Je suis déçu. Je vais essayer d’oublier ça vite et de me tourner vers la poursuite la semaine prochaine. Je vais essayer de ne pas me prendre la tête avec ça et tout donner pour la poursuite. Je suis dégouté car on est aux JO ! C’est la plus grande compétition au monde et je ne peux pas courir car on a oublié de m’inscrire. Les mots me manquent pour caractériser cet oubli. Je ne veux pas être vulgaire ou un peu fort dans mes propos. Je ne vais pas le cacher, c’est dur. Nous sommes là pour faire les Jeux Olympiques dans les meilleures conditions et pas pour faire du tourisme. On fait de notre mieux malgré les galères depuis le début de la saison, sans aide. Dire que je coute 60 000 euros alors que je paie ma préparation, ça non plus je ne l’accepte pas ! Dire que j’ai refusé un contrat de 25 000 dollars, je n’en ai jamais eu connaissance. Je n’ai jamais reçu un mail en ce sens.

Qu'allez-vous faire après les Jeux Olympiques ?

Au fond, je voudrais continuer. Mais me dire que je n’aurai jamais les moyens de « jouer », pas de gagner mais juste me frotter aux meilleurs pour les prochains JO dans quatre ans, ce ne sera pas possible avec la politique fédérale actuelle. Mais ce n’est pas dans leur projet. Ils ne pensent qu’au patinage artistique. Ils préfèrent nous couper l’herbe sous le pied que de nous voir réussir.

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La fédération se défend, preuves à l’appui

Smartphone allumé et déjà ouvert sur deux documents PDF, le DTN des sports de glace Xavier Sendra l’affirme : « Il n’y a pas eu d’oubli puisqu’Ewen Fernandez n’a pas réussi les minima sur cette distance pour être titulaire comme l’était Alexis Contin aujourd’hui forfait. Il n’est pas dans la liste complémentaire de "réservistes" édictée par la fédération internationale car il n’a pas fait les temps susceptibles de l’y voir. Il n’a donc pas été sélectionné par la commission consultative des sélections olympiques du CNOSF au mois de janvier. Ces documents sont publics sur le site internet de la fédération internationale. Le communiqué de presse du CNOSF qui reprend les sélectionnés pour ces JO est aussi clair. S’il était sélectionné, le Comité olympique aurait fait l’inscription. Le forfait d’Alexis Contin permet à une autre nation d’avoir un représentant dans ce 10 000m. » Une communication bien calée avec son président, Didier Gailhaguet qui tient le même discours et rajoute : « C’est un non-événement. Je ne comprends pas cette polémique. Maintenant, force est de constater qu’il y a des résultats qui ne sont pas à la hauteur des espérances. J’aime bien ces patineurs, mais quand on finit 40e du 1500m, on est là pour apprendre ! Qu’on arrête de traiter les gens d’incompétents. Qu’ils progressent et nous serons derrière eux. Nous n’avons aucune raison de ne pas être derrière nos athlètes. »

Propos recueillis par François Giuseppi