Joubert en reconquête

Brian Joubert - -
Tête basse. Regard concentré. Brian Joubert n’est plus à l’école. Il n’empêche. Sur la glace de la patinoire de Poitiers, l’élève, c’est lui. « Ce que tu ne feras pas bien, tu le referas », martèle Véronique Guyon. Une voix indissociable de la carrière du champion du monde 2007. C’est en effet cette femme qui le forme jusqu’en octobre 2003, collabore de nouveau avec lui pendant six mois en 2005 avant de le reprendre sous sa coupe depuis le mois de septembre 2010. Elle qui l’a aidé, depuis, à retrouver ses sensations, le sourire ainsi que le goût du travail, tous égarés après le fiasco des JO de Vancouver.
« Brian avait perdu le feeling, raconte Véronique Guyon. Il avait un patinage très agressif. Je voulais qu’il réapprenne à se détendre et avoir quelque chose de positif. » Résultat : à l’entraînement, ça rigole. Mais c’est très studieux aussi. A l’image d’un Joubert qui ne débordera pas en interview de « peur de se faire engueuler », le Poitevin est cadré. « J’en avais besoin, confie-t-il. Les entraîneurs que j’ai eus ne prenaient aucune responsabilité. Du coup, je devais les prendre. Et j’avais un rôle qui n’était pas le mien. » Pas de situation de ce genre avec Guyon : « C’est notre rôle de dire : « T’es pas bon, t’as pas le bon poids, t’es pas à l’heure. » C’est justement en les mettant dans du coton que les athlètes deviennent mauvais. » Un coton dans lequel Brian Joubert s’est conforté. « Il a eu la grosse tête, poursuit Guyon. Il a perdu des points, de l’assurance.... Comme il a le mental, il s’est réfugié dedans. Toujours le poing levé, les mâchoires bloquées. Gagnant il l’était, mais ce n’était pas beau. »
Guyon : « Je le vois gagner les Championnats d’Europe »
La gestuelle rageuse d’hier a laissé place à une mobilité gracile. La confiance est là, de nouveau. Deuxième des Masters d’Orléans en septembre, blessé ensuite au dos et au genou, Joubert bonifie le travail effectué avec un 8e titre de champion de France en décembre dernier. « J’ai entendu pas mal de critiques, qu’il fallait que j’arrête, que j’avais fait mon temps, raconte-t-il. Je me sers de ça pour bosser et faire taire les mauvaises langues. » Et pour gagner, aussi, ce que lui prédit Véronique Guyon. « Peut-être que je me trompe mais je le vois gagner les Championnats d’Europe. L’Espagnol Javier Fernandez est également en forme, mais il est peut-être moins subtil dans son patinage que ne l’est Brian. » Le maitre Guyon a parlé. A l’élève Joubert, maintenant, de s’exécuter.
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Amodio patine de nouveau à l’endroit
« J’ai envie d’être à nouveau champion d’Europe. Ce serait énorme. » Florent Amodio est ambitieux et c’est déjà une victoire. Car l’intéressé, tenant du titre, n’était plus du tout sûr il y a quelques mois de vouloir le défendre. En plein cœur de l’automne, le Français doute. « Je me posais des questions, du type : « A quoi bon continuer ? » confie-t-il. Puis, Amodio se remet en cause : « Je m’étais égaré. J’avais envie d’aller ici ou là, de faire ceci ou cela. Mais là, je me suis retrouvé, dans le sens où aujourd’hui c’est entraînement, entraînement, entraînement.» S’il continue le travail entamé en Russie aux côtés de Nikolaï Morozov, Amodio s’entraîne aussi, lorsqu’il est en France, en parallèle à Cergy. Là où tout a commencé, sous les ordres de Bernard Glesser. L’homme qui l’a repéré à l’âge de 4 ans et qu’il a côtoyé durant seize ans.
« Ça fait du bien, confie le Français. Bernard, c’est un membre de la famille. Je lui dois tout. On a tous les deux compris plein de choses. » Fort de cet équilibre retrouvé, Florent Amodio peut se projeter sur ce qui l’attend à Sheffield. « Je sais que si je patine à mon meilleur niveau, je serai capable de garder mon titre, estime-t-il. Maintenant, ce n’est pas fait et je sais que j’aurai beaucoup d’adversaires (Plushenko, Verner, Joubert, Fernandez, ndlr). Je n’aurai pas le droit à l’erreur. Mon objectif, ce sont les Championnats du monde à Nice (26 mars au 1er avril). On veut bosser jusqu’aux « Monde » et monter crescendo, en commençant par être présent aux Championnats d’Europe. » Sacré programme pour celui qui veut dorénavant « durer dans le temps. »