L’équipe du Népal doit louer ses skis !

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Il est des équipes au destin hors du commun : celle du Népal en fait partie. Si elle est présente à Val-d’Isère, elle le doit à un Anglais, Richard Morley, un personnage haut en couleurs devenu star à Katmandou. Voici son histoire.
Richard Morley a un destin aussi embrumé que l’air des bouges de Katmandou où l’on fume l’opium et dont il était adepte dans les années 80. Fondateur d’une société d’informatique, il a fait fortune en bourse avant de prendre les chemins de l’Himalaya version pull en laine, encens et "peace and love". Lors de l’ascension de l’Annapurna, il fut parait-il victime d’un malaise respiratoire. Un autochtone vint à son secours et marcha trois jours dans la montagne pour trouver un téléphone afin de prévenir les secours. Son sauveteur ne voulut pas de ses livres sterling. En échange, Morley jura de veiller au destin de son fils : Jayaram.
Un centre aux Arcs rien que pour ses skieurs !
Six ans après cette aventure, Morley retourne au Népal et apprend le décès de son bienfaiteur. Se souvenant de la promesse qu’il avait faite, il se met à la recherche de Jay, qu’il trouve esclave dans un restaurant. Selon sa légende, il échange son sang avec l’enfant pour marquer le lien qui les unit : celui d’un père et de son fils. De retour en Angleterre, il parvient à adopter Jay après plusieurs mois de batailles judiciaires. Fan de ski dans sa jeunesse, Morley décide de créer de toute pièce la Fédération Népalaise de Ski. Rien que ça ! In extremis, il parvient à la faire reconnaitre par la Fédération internationale et son "fils" participe aux J.O. de Salt Lake City, où il se classe avant-dernier du 10km en ski de fond. Pas mal pour un début.
Equipe de ski népalaise recherche bâtons de course
Depuis, la Fédération népalaise s’est enrichie de deux skieurs supplémentaires. Pour ses trois licenciés, Morley ne recule devant rien, ouvrant notamment un camp d’entraînement aux Arcs, en Savoie. 2008 survint, et Richard Morley se retrouva fort dépourvu quand la crise fut venue. Plus d’argent pour sa "dream-team" et sa fédération.
Les Népalais débarquent aux Mondiaux sans ski, sans combinaison, sans rien. A Val-d’Isère, les Himalayens font presque la manche pour récupérer les équipements. A l’heure actuelle, ils n’ont pas de bâtons, par exemple. Or on connait l’importance du planter de bâtons pour les qualifications du géant, auxquelles ils participent lundi. S’ils parviennent à surmonter l’obstacle, ce serait une page de plus dans la légende de Richard Morley, véritable idole dans un pays où la famille royale règle parfois ses comptes par la décapitation. Là-bas, c’est un journaliste reconnu et on le surnomme "Daijhi". Mais ça, c’est une autre histoire…